AND IT STARTED LIKE THIS...
Richard et Eleanor Turpin, ainsi que leurs deux enfants, Rosie et Raymond étaient parfaitement normaux, du moins c’est ce qu’ils pensaient. Ils étaient une famille classique, calqués sur le modèle de la famille nucléaire, comme beaucoup d’autres familles de part le monde. Rien ne les distinguaient particulièrement des autres. A quelques détails près.
Il se passait parfois des choses étranges chez les Turpin. D’étranges phénomènes que certains auraient pu qualifier de paranormaux, de l’œuvre d’un esprit malveillant, mais quel esprit irait donc donc colorer l’eau du bain des enfants aux couleurs de l’arc-en-ciel, faire décoller le plat d’endives au jambon à l’autre bout de la pièce ou bien faire changer de position les petits lapins sur la veilleuse ? Soit cet esprit avait un sens de l’humour assez particulier, soit il s’agissait là de l’œuvre d’un esprit enfantin.
Si pour les parents, ces phénomènes avaient quelque chose de légèrement inquiétant – ils craignaient plus d’êtres la cible d’un voisin mal intentionné que d’un fantôme – pour les enfants ils étaient la preuve que la magie existait et les amusaient énormément, en particulier Ray, qui avait développé dès son plus jeune âge un goût et un talent pour la peinture et le dessin. Il pouvait passer des heures à dessiner des créatures imaginaires ou inventer toutes sortes de jeux où lui et sa sœur étaient les héros de mondes remplis des fées, de dragons, de vaisseaux spatiaux ou de dinosaures féroces.
Ce fut quelques temps après le onzième anniversaire de Ray que les Turpin eurent la réponse à leurs questions : leur maison n’était pas hantée ou ils n’étaient pas la cible d’un canulars, non leur fils cadet, Ray, était un sorcier ! Et bien que très ouverts d’esprits, les Turpins, du moins les parents, eurent un peu de mal à accepter la nouvelle au début, mais quelques arguments et démonstration de magie plus tard, ils ne purent qu’accepter ce qui leur semblait impossible quelques heures plus tôt : Ray était un sorcier et il avait la possibilité d’aller étudier à Poudlard, une des écoles de magie les plus réputées dans le monde. Et si accepter que Ray était un sorcier s’était avéré plus facile, accepter qu’il n’aille vivre loin de chez eux pendant quelques mois l’étaient plus, surtout après avoir appris que l’école avait été le lieu d’une bataille contre un groupe de terroristes suprémacistes. Les Turpins étaient une des rares familles noires de la petite ville où ils vivaient, avaient déjà du essuyer maintes fois des insultes et actes de vandalismes à caractère racistes, ils ne voulaient pas qu’en plus leur fils ne subisse des brimades quand à ses origines. Seul l’argument de la nécessité d’apprendre à maîtriser la magie firent plier les parents et en septembre, Ray prenait le Poudlard Express pour la première fois, impatient de découvrir Poudlard et le reste du monde magique.
Si tout fascina Ray à son arrivée, les fantômes, le plafond magique ou les tableaux vivants, ce qui retint particulièrement son attention, ce fut un garçon de son âge, Dom, qui se détachait du groupe de premières années par son attitude. Il était arrivé quelques jours après la rentrée et répartit comme lui à Serdaigle et subissait déjà les moqueries des autres de part son attitude craintive et étrange et il lui arrivait parfois de se réveiller en hurlant, provoquant le mécontentement de la part de leurs camarades de dortoir. Seul Ray lui offrit une main tendue, son amitié et son soutient, même si les choses furent loin d’êtres faciles au début. Dom rejetait la magie, n’acceptait pas sa nature de sorcier et rejetait donc Ray avec véhémence. Mais loin de s’en offusquer, il persista, avec douceur, gentillesse et patience, à l’aider, à s’accepter, se glissant parfois même dans son lit quand ses nuits étaient ponctuées de cauchemars. Au bout de deux ans, Ray eu la joie de constater que Dom semblait accepter sa nature et leur relation s’intensifia. Il était quelqu’un de sociable, qui avait réussi à sympathiser avec une bonne partie des élèves de son année, son esprit créatif aidant, mais aucune amitié qu’il avait pu tisser ne pouvait être à la hauteur de celle qu’il avait avec Dom. Il aimait à comparer leur relation à celle du Petit Prince et du Renard dans le roman d’Antoine de Saint Exupery, il avait réussi à apprivoiser Dom et désormais il était la personne la plus précieuse à ses yeux, un membre à part entière de sa famille.
Il lui avait fallu cependant, énormément de temps avant de réaliser que ses sentiments pour Dom avaient évolués au fil des années. Si tout le monde autour d’eux semblait s’être rendu-compte de la véritable nature de leurs sentiments, Ray, d’ordinaire si observateur, il le fallait bien quand on était un artiste en herbe, était longtemps resté aveugle quant à ses sentiments et ceux que Dom éprouvaient depuis longtemps pour lui. Mais une fois ces sentiments dévoilés et leur nouvelle relation établie, Ray ne put qu’aimer Dom d’avantage encore, encore plus pleinement qu’autrefois.
Et ce fut Dom, en grande partie, qui l’influença sur son choix de carrière à la sortie de Poudlard : enseigner les arts. Non seulement il estimait que la place des arts devait être plus importante dans les écoles – il avait été très déçu de ne voir aucune matière artistique proposée à Poudlard, mis à part la chorale – mais il tenait absolument à travailler dans une école moldue, avec les plus jeunes. Il voyait dans la peinture une manière de s’exprimer, de s’affirmer en tant qu’individu et après avoir été témoin de tout ce que Dom avait vécu, il tenait absolument à éviter un cas comme lui en permettant à des enfants de pouvoir s’exprimer et de les aider en cas de besoin. Car si il peut apporter un peu plus de couleurs dans la vie des autres, Ray ne se fera pas prier, bien au contraire.