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have faith (joseph)

Anonymous
Invité

   
Joseph Nomura viendrait-il aujourd’hui à son rendez-vous avec sa psychomage, June Figg? Ou continuerait-il sur sa glorieuse lancée de quatre rendez-vous manqués? Les paris étaient ouverts… bien que toutes les mises eussent été déposées sur la même case, ne viendrait pas. Une seule personne résistait à la tendance, une seule irréductible gauloise, June Figg elle-même. Optimiste, voire naïve, la psychomage s’accrochait à l’espoir de revoir son patient ce jour-là. Ou la semaine prochaine… plus probable… Non, non, il viendrait aujourd’hui! Elle comprenait tout à fait son besoin de solitude, son besoin de se détacher du SLC, de la thérapie – c’était malheureusement mornille courante. Ses collègues et elle constataient souvent cette… pente descendante lorsqu’un patient vivait une tragédie. Tous les outils acquis, toutes les réflexions acquises, toutes les mauvaises pensées décortiquées, tout le chemin parcouru, bref tout ce qui avait été bâti durant des mois s’envolait en fumée – trop fragile pour supporter le coup du drame inimaginable. On perdait parfois des patients, qui revenaient des mois, des années plus tard, lorsqu’ils se sentaient prêts à recommencer. Ou, malheureusement, lorsqu’ils avaient atteint le fond du baril de bièraubeurre. Mais Joseph était intelligent. (Pas que les autres ne l’étaient pas, hein!) Il avait tellement progressé (du jargon que June détestait utiliser). Il reviendrait bientôt, June le savait, essayait de s’en convaincre. Elle ne tolérerait pas qu’il s’échappe de la sorte, qu’il retombe dans ses vieux mécanismes, dans ses vieilles défenses. Il avait la tête dure, le bougre, mais pas autant qu’une June Figg. D’ailleurs, cette dernière laissait encore sa case horaire libre, même si, techniquement, après autant d’absences, elle avait le droit de prendre une autre personne. Elle avait réussi à convaincre sa superviseuse de la bonne volonté de Joseph et qu’il allait revenir bientôt. Ne me déçois pas… et surtout, ne te déçois pas, s’il te plaît.

L’heure du rendez-vous approchant, June se leva, quitta son bureau pour aller chercher Joseph dans la salle d’attente. Il n’y était pas. Pas encore. Il n’est pas encore là, mais il est en route, c’est certain…Allez, Nomura, laisse-moi t’aider! Elle pivota sur ses talons et fit volte-face; elle reviendrait dans quelques minutes. Elle arrosa rapidement les plantes de son bureau, lança un Recurvite et ressortit, pleine d’espoir.

Et l’espoir avait payé. Joseph Nomura était là, en chair et en os.

June lui sourit chaleureusement, d’un grand sourire qu’elle n’utilisait pas tous les jours. Oh, la séance à venir promettait d’être intense, épuisante, c’était certain. Mais la séance aurait lieu, enfin. Elle invita le trentenaire à la suivre, même s’il connaissait le chemin. Il était bien d’avoir une routine; effet rassurant. Elle ferma la porte derrière lui et prit place dans son fauteuil vert pistache.

« Bonjour, Joseph. Ravie de te revoir! Comme d’habitude, si tu veux quelque chose à boire, sers-toi » dit-elle en désignant de la main l’étagère au fond du bureau. Sur celle-ci, on y trouvait toutes sortes de breuvages : café, thé, eau, jus… C’était une technique que la Figg avait volée à sa professeure de stage : elle permettait aux patients de s’occuper les mains et les pensées pendant les premières minutes de la rencontre – qui étaient souvent les plus anxiogènes — et de s’asseoir quand ils se sentaient prêts. La plupart des gens ne se servaient que des semaines après le premier rendez-vous, ce qui était une information précieuse pour June. Elle ne dit rien de plus, laissant Joseph s’exprimer à son rythme.
Joseph Nomura
Joseph Nomura
Date d'inscription : 03/09/2021
Messages : 104
x âge : 37 ans
x occupation : comité d'excuses à l'intention des moldus
x situation : divorced

   
[cw : deuil, dépression] Depuis l’accident qui lui avait pris Juliet, Joe était parfois venu aux sessions de groupe du shared living centre juste pour faire bonne figure, sachant pertinemment qu’il ne serait jamais obligé d’y prendre la parole. Il avait au contraire brillamment trouvé des excuses pour sécher ses thérapies solo chaque semaine. Parfois, il n’avait pas d’excuse et il ne venait simplement pas. A quoi bon apprendre à devenir un être humain correct et outrepasser la dépression qui l’accable depuis l’enfance puisqu’il n’avait maintenant plus personne envers qui se comporter décemment ? Plus de raison de s’en sortir ? Plus d’envie, non plus. En toute honnêteté, Joe Nomura s’est toujours un peu complu dans sa mélancolie et l’idée de faire son deuil et vaincre la dépression qu’il était en bonne voie d’outrepasser avant de replonger de plus belle ne lui plaît pas beaucoup. Ce dont il pense avoir besoin, c’est de ruminer sa colère en la transférant dans une cause bien moins noble qu’une thérapie – oui, je parle bien des Oubliés -, sans oublier d’en vouloir au monde entier. Bref, rien de sain ni d’un tant soit peu utile, soyons francs.

En réponse à ses silences répétés, June Figg l’avait travaillé, harcelé, usé jusqu’à la moelle. Jamais il n’aurait pu croire qu’elle implique Ben Travers dans ses manigances, cela dit. Oh, il n’en a pas de preuve certaine. Ben se dit inquiet, trouve que ce serait une bonne idée de le revoir plus souvent dans les parages. Et si Joseph soupçonne June d’avoir joué un rôle dans ce soudain réveil thérapeutique de Ben – depuis quand avaient-ils des contacts hors du centre, en plus ? -, ce dernier soutient mordicus que ce n’est pas le cas. Quand on voit la manière dont il dévore docteur Figg du regard dès qu’elle entre dans la pièce, cela dit, il n’est pas bien compliqué de deviner qu’il lui mange dans la main. Mais ce ne sont pas ses histoires, et le fait est que Figg a réussi son coup : aujourd’hui, il viendra. Il ne sait pas dans quelle mesure c’est une bonne idée, ni s’il acceptera de s’ouvrir, il a pris sa décision un peu tard pour être à l’heure également, mais le fait est qu’il a passé les portes du shared living centre pour un rendez-vous en seul à seul.

Un véritable miracle, si vous voulez mon avis.

La porte du cabinet est fermée, la salle d’attente vide. Il prend place sur un siège et sa jambe bat la mesure. Joe n’attend pas longtemps. Vu l’heure, il aurait même pu tenter de frapper à la porte – mais il n’est pas si emballé que ça, n’exagérons rien. La psychomage le sort de sa torpeur. Il la suit dans le cabinet, timidement, presque aussi fermé qu’à sa première visite. Le fait est qu’il a l’impression de tout reprendre à zéro et que c’est peut-être le cas. Aussi, Joe refuse poliment, d’un simple signe de tête, de se servir une boisson, et lorsqu’il s’assied, le ballet nerveux de sa jambe droite reprend de plus belle. Le silence est lourd, il sent qu’il devrait le briser mais n’y arrive pas. Il ouvre la bouche quelques fois, pourtant. Des choses à dire, il en a plein. A-t-il envie de les dévoiler, cependant ? Rien n’est moins sûr.

Après quelques tentatives soldées par un échec cuisant, il réussit à bredouiller : « Je suis pas prêt à parler de ce qui s’est passé, doc. » Elle sait parfaitement ce qui le tracasse, ce n’est un secret pour personne. Et ressasser l’événement, pense-t-il, ne l’aidera pas à exorciser, au contraire : plus il y pense, plus il s’en veut d’être né sans aucun pouvoir. D’avoir eu à regarder la scène se passer, impuissant, alors qu’une simple baguette l’aurait sauvée. « Je suis venu parce que Ben m’a supplié de venir et honnêtement je vous soupçonne d’y être pour quelque chose mais j'ai pas envie de parler. »


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