Le regard d’Ezra oscille entre ses élèves et la grille d’entrée de l’école primaire. S’ils sont tous grands et capables de retrouver leurs parents et/ou nannies sans son aide, Northman apprécie malgré tout garder un œil sur eux, ne serait-ce que pour vérifier que tout va bien. Que personne n’a rien oublié, non plus – ce ne serait pas la première fois qu’un gamin ne revienne en courant pour aller chercher son sac de sport, pour ne citer que ça. Bref, une après-midi somme toute comme les autres. Pour couronner le tout, il avait fait beau toute la journée, fait suffisamment rare pour être souligné. Mais surtout, il semble que sa tête ne lui ait pas joué de tours aujourd’hui. Et chaque petite victoire est bonne à prendre.

Dans son attention habituelle, il pose les yeux sur Timothée, un enfant plus jeune que ses élèves mais surtout le beau-fils d’un de ses nouveaux amis. Il espère croiser Markus. Pourtant, c’est avec une jeune femme que semble partir le petit garçon. Ezra fronce les sourcils – il ne connaît pas cette personne, et elle peut être aussi bien attentionnée qu’elle veut, il ne peut décemment pas la laisser emporter Timothée sans accord parental. Aussi, il se dirige d’un pas rapide vers la sortie, hélant l’enfant au passage. « Tim !! Timothée ! Madame, vous ne pouvez pas… »

Lorsqu’elle s’arrête enfin et se tourne vers Ezra, la réalité le heurte de plein fouet. Bien sûr qu’il la connaît, il la connaît même très bien puisque son visage lui est plus que familier. Si seulement il pouvait retomber sur son nom… « Ex… excusez-moi », il bredouille, penaud. « Je ne vous avais pas reconnue, vous ne venez pas chercher Timothée d’habitude, si ? » Bien sûr que non, puisque Markus le fait la plupart du temps. Mais alors, qui est cette femme ? Ezra se racle la gorge, bien embarrassé. « J’ai besoin de l’accord d’un parent pour vous laisser l’emmener. » Court blanc. « Excusez-moi, j’ai l’impression que je devrais savoir qui vous êtes, votre visage m’est familier et je crois qu’on s’est déjà vus et ça devait probablement être ici. Mais sans certitude, je dois vérifier. »

Qu’est-ce que je disais sur son cerveau qui ne lui avait pas encore joué de tours aujourd’hui ? Ca avait pourtant bien commencé…