AND IT STARTED LIKE THIS...
Mahoutokoro. L'illustre école, celle dans laquelle ses parents se sont rencontrés et leurs parents avant eux. Pourtant, les portes de cette école lui restent obstinément fermées, coupant net un rêve parental et mettant un terme à une enfance heureuse et légère.

Soudainement, tous les regards se retrouvent braqués sur une petite Alice de sept ans qui ne comprend pas encore les enjeux d'un tel rejet. Oh, bien sûr, ses parents ont bien remarqué l'absence notable d'événements remarquables autour de leur fille unique. Ils ont bien noté que rien ne se passait autour d'Alice. Rien de plus que ce qu'une enfant ordinaire de sept ans ne semble capable d'accomplir. Sa mère a eu des doutes assez tôt ; l'instinct maternel, probablement. Mais ce rejet, cette lettre leur étant adressée par la direction de Mahoutokoro... Ils se sont voilés la face pendant des années, convaincus que leur fille ne pouvait qu'être une sorcière, elle aussi. Sans être une lignée de sang-pur, la famille Tanaka ne compte que des sorciers depuis des générations. La famille Ito également. Alors pourquoi ? Faute que la mère de famille rejette sur les nés-moldus des deux arbres généalogiques, parce qu'elle a besoin d'un coupable alors que sa fille continue de sourire, de jouer, d'être heureuse.

Les questionnements arrivent de la part des proches. Bien sûr, qu'Alice soit une cracmole est gardé comme un secret de famille honteux, après le flottement des quelques mois pendant lesquels il faut prendre une décision. Ce sont les grands-parents qui s'interrogent, d'abord ; pourquoi Alice n'a-t-elle pas été vue attendre pour embarquer sur le dos d'un pétrel-tempête géant ? Où fait-elle sa scolarité, si ce n'est à Mahoutokoro ?

Il faut avouer, confesser une faute dont personne n'est responsable. Alice est une cracmole. Elle n'a pas hérité de la magie de ses parents. Elle n'a pas une goutte de magie en elle et entre ses doigts, même la meilleure baguette magique du pays ne serait qu'un vulgaire bout de bois. Elle a d'autres qualités, c'est indéniable. C'est une enfant pétillante, serviable, polie, qui s'intéresse à beaucoup de sujets à la fois. C'est une grande curieuse, qui semble toujours partante pour faire de nouvelles activités, découvrir de nouvelles choses. Mais c'est aussi une cracmole. Bien sûr, il est triste que tout ce que l'on retienne d'Alice soit précisément cette information. Et pourtant, les choses ont commencé à changer. La nouvelle s'est répandue aussi vite qu'une pandémie, infectant tout le clan. Les cousins et les cousines ont commencé à ne plus vouloir jouer avec Alice, poussés par leurs parents ; comme si son sang cracmol pouvait être contagieux. Le deuxième rejet a été celui de sa famille, sans que l'enfant qu'elle était ne comprenne pourquoi elle devait se retrouver seule aux repas de famille, ni pourquoi elle était regardée avec pitié ou mépris.

Londres. Ça a été la solution de ses parents. Déraciner leurs origines pour qu'Alice ne souffre pas. Et, de fait, se déraciner eux-mêmes. Quitter le Japon, cette terre natale et ses traditions ancestrales, a été la décision la plus dure de la vie de cette famille. L’Angleterre a été choisie parce que les Tanaka s'imaginaient une plus grande ouverture d’esprit de la communauté magique, ce qui n’a pas forcément été le cas. Difficile de s’intégrer sans parler la langue, sans connaître les coutumes. Dans le quartier résidentiel sorcier où s’est installée la petite famille, l’intégration n’a pas été si simple. Murmures sur leur passage, interrogations… mais il a suffit d’une voisine bienveillante pour que les parents ne remballent pas toutes leurs affaires pour repartir au Japon sans détour. Une voisine cracmole, qui plus est, probablement parce qu’elle-même n’était pas très intégrée. Elle avait une quinzaine d’années, et c’est grâce à elle que les Tanaka ont pu avoir leurs premiers amis londoniens ; les parents de cette jeune cracmole. Malgré les cultures différentes, les deux couples se sont retrouvés sur un autre point.

Les deux couples avaient également deux filles du même âge : Alice, d’une part, et Juliet, la sœur cadette, d’une autre part. Les deux enfants sont rapidement devenues amies, sous le regard bienveillant de la grande sœur. Jusqu’à cette déchirure, profonde, lorsque les onze ans de Juliet sont arrivés. Juliet, qui est partie à Poudlard, laissant Alice seule face à une profonde injustice. Non pas que Juliet ait oublié son amie d’enfance en portant fièrement les couleurs de Poufsouffle, mais quelque chose s’est brisé chez Alice. Alice qui s’est lancée dans une scolarité moldue, arrivant dans un collège dans lequel s’intégrer n’a pas été de tout repos. Et après quelques épisodes de harcèlement scolaire, Alice a fini par intégrer un collège privé, où les choses se sont un peu apaisées pour elle. Loin d’être la meilleure, elle ne faisait pas non plus partie des cancres. Scolarité moyenne, entrecoupée de lettres portées par des hiboux. Alice était jalouse de la scolarité de Juliet. Une jalousie qui, se cognant au tumulte de l’adolescence, a su briser une amitié de longue date. À 16 ans, en pleurs, et après des attaques personnelles de plus en plus virulentes de la part d’Alice, Juliet a pris la décision de couper les ponts. C’est avec l’impression qu’on lui avait arraché une partie d’elle-même qu’Alice a dû continuer son chemin.

YouTube. Le refuge. Petites vidéos dansants sous les yeux de l’adolescente ; elle avait trouvé un but. La période des seize ans a été complexe. Perdre Juliet, se perdre un peu elle-même sans la présence de cette meilleure amie, se forger une carapace… Alice a complètement changé ses fréquentations, fouinant du côté de celles et ceux qui, dans son lycée, portaient ces vêtements et ce maquillage noirs. C’est une toute nouvelle culture qu’elle a découvert. La musique et les codes vestimentaires d’un mouvement post-punk bien plus vieux qu’elle ; il n’en fallait pas plus pour la séduire. Puis il y a eu la découverte du paganisme, des valeurs Wicca, de cette sorcellerie moldue qui n’avait rien de magique. Alice a été ébranlée, se disant que si elle avait connu ce monde plus tôt, sa jalousie n’aurait pas détruit sa relation avec Juliet. Alice a commencé par apprendre à tirer les cartes, par acheter des livres, par faire preuve d’une profonde érudition en matière d’ésotérisme. Dans sa chambre redécorée, Alice a commencé à filmer des vidéos, des tirages de cartes, des prédictions générales qui n’ont pas rencontré beaucoup de succès sur la plateforme, dans un premier temps.

Alice a intégré une école d’art, consciente que sans aucune garantie, ses parents ne la laisseraient pas vivre de cette passion pour la création. Projet bien défini dans son esprit ; la petite cracmole voulait côtoyer le monde abstrait de l’art, devenir conservatrice de musée pour se rapprocher d’un monde dans lequel sa créativité ne serait pas un frein. Dessiner, peindre, s’intéresser à l’Art sous toutes ses formes, voilà bien quelque chose qui a toujours fait vibrer Alice. Elle considère d’ailleurs la sorcellerie moderne comme une forme d’art, et c’est bien lorsqu’elle a commencé à tourner ses vidéos dans ce sens, s’intéressant aux Sabbats, aux rituels, puis au DIY d’objets magiques, que sa chaîne Youtube a commencé à avoir une certaine popularité. Lorsqu’Alice a eu 22 ans et sa licence d’Histoire de l’Art en poche, sa chaîne Youtube connaissait déjà une belle popularité. Elle a cependant fait la formation pour exercer comme conservatrice de musée, signant à l’issu des dix-huit mois de cette dernière son premier contrat.

Le monde du travail ne lui a jamais plu. Trop d’injonctions, trop de pressions. Elle a continué quelques mois, pour ne pas décevoir des parents fiers d’avoir eu une fille sachant rebondir malgré sa condition. À 25 ans, blottie dans son studio, Alice a annoncé la grande nouvelle ; sa décision de démissionner pour se consacrer à sa passion. Depuis, elle produit au minimum trois vidéos par semaine, parvenant la grande majorité du temps à vivre des vues faites sur YouTube, même si ses parents ne comprennent toujours pas l’intérêt de cette activité et n’arrivent pas à croire en sa pérennité.

S’il n’y avait que ce sujet que ses parents ne pouvaient pas comprendre, la vie d’Alice serait bien plus simple. Mais les voilà à lui demander une descendance, parce qu’elle est en âge et que son avis semble moins compter que la sacro-sainte tradition de perpétrer une lignée. Il y a eu les rencontres semi-arrangées, avec des sorciers japonais prêts à se marier avec une cracmole pour diverses raisons. Mais au-delà de l’aspect imposé, Alice n’a jamais ressenti cette attirance pour la gente masculine qui lui aurait permis de fermer les yeux sur le manque d’éthique de cette pratique. Récemment, il y a eu une aventure qui lui a ouvert les yeux ; paupières qu’elle a décidé de refermer aussi sec. Cette grande brune élancée, qui lui a fait découvrir autre chose, qui lui a permis de comprendre pourquoi son regard s’est toujours arrêté sur les courbes de ses amies, pourquoi perdre Juliet a été si déchirant. Mais l’homosexualité est plus taboue encore que son manque d’aptitude à la magie. Elle le sait, pour avoir déjà entendu les murmures de ses parents, choqués, sur le passage de couples gays et heureux.

Alice a cette impression qui la tétanise ; elle ne pourra pas être pleinement elle-même sans décevoir encore un peu plus ses parents, qui ont tout fait pour elle jusque là. Qui ont été jusqu’à traverser le monde pour qu’elle ne soit jamais traitée comme une paria. Et elle ne veut pas le devenir à leurs yeux, pas alors qu’elle leur a déjà infligé plus d'un choix qu’ils ne comprennent pas.

FICHE VALIDEE !!!




Alice est un perso génial, j'ai vraiment apprécié te lire et j'espère que tu trouveras ta place parmi nous en tout cas faudra que je vienne te voir car Ezra et Alice sont collègues, pas dans le même domaine mais collègues quand même ! Je t'envoie ton petit mp d'intégration mercredi en attendant, amuse toi bien et n'hésite pas à venir me voir en mp!

Bienvenue sur Glitch!!   Avant toute chose, nous te remercions d'avoir posé tes valises par ici et espérons que tu trouveras ce que tu as cherché.

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