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Aux bords du sapin, leurs sourires s’accrochent. Dans ses yeux si noirs, les emballages reluisent. Déchirés à cris et à rires, d’autant plus merveilleux qu’éphémères. Elles font toujours ça la veille, à l’abris du monde et des autres. Toutes drapées de leurs petits secrets et gigantesques bonheurs. Leurs cheveux se confondent par-dessus l’album photos. L’odeur rassurante des piments et des clous de girofle étreignent celles du bœuf et des oranges, rencontrent celles de ses cigarettes, de son parfum tapageur. Les joues rougies, les sequins dorés, tout brille si fort cette nuit. La neige crisse contre les fenêtres. Les bols fument sur la table basse. Les paysages se succèdent sous ses doigts malhabiles, entraînent dans la course des pages des visages connus, des noms qu’elle lui murmure à l’oreille. Des pays, des légendes, des créatures. Des aventures, tant d’aventures. Dans son petit poing potelé, serré avec détermination, le bout de bois sculpté qu’elle lui a offert. Une esquisse. Un avant-goût. Bientôt ça sera pour de vrai. Bientôt.

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Pile à lire Goodreads : L’Amour en Plus (Histoire de l’amour maternel, XVIIᵉ – XXᵉ siècle) – Elisabeth Badinter, Catilinaires – Ciceron, La Voix Humaine -  Jean Cocteau, Is There Still Sex In The City ? – Candace Bushnell, Her Body and Other Parts – Carmen Maria Machado, Le Prince – Machiavel – Ma’am Darling, 99 glimpses of Princess Margaret, Craig Brown

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Onze flammes alignées. Souffle, souffle, souffle. La menthe et l’encens et les cendres. Montent à son visage, se perdent d’un rire au glaçage chocolat blanc. Ses amies de l’école pépient, gigotent. Ne t’attache pas, qu’elle avait dit, ne t’attache pas car un jour… un jour… Il y a longtemps qu’elle ne l’a plus répété. Elles chantent. Elle chante, faux. Derrière les vapeurs, les odeurs infusées, son regard s’est perdu, ne veut pas que Théa le trouve. Son sourire est à l’envers. C’est sa mère. Elle ne chante jamais faux.

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Panier non-validé Amazon : Litière pour chat désodorisée, 4 kilos – Pyjama en soie véritable rose avec robe de chambre et bandeau pour les yeux assortis – Zippo essence, paquet de trois – Boules de Noël anciennes, lot de 12 – Cuissardes noires Vivienne Westwood, pointure 39, talons 10 cm -  Platine pour lecture de vinyl, dab+, effet vintage – Veste en fourrure Fendi, vintage

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Les livres et les parchemins et le réseau veineux de ses yeux. Ses bras serrés sur son bloc-note, bouclier de son cœur. Ses pieds se prennent dans ses cernes. Le café palpite à ses tempes. Et puis les cris et la foule et les épaules qui la heurtent. La sueur et l’impolitesse et les eaux de cologne pas assez chères. Les marbres sombres du Ministère, les barbes trop longues, les talons trop bas. Ses pas restreint par son tailleur grenat. Elle a mis une eau de parfum minérale, boisée. Ca sent les cendres de pompéi, si on en croit l’emballage. Il sent l’espoir après la foudre. Les grilles des ascenseurs, les rouages bien graissés, les boutons rutilants. Elle a encore besoin d’uriner. Probablement une cystite. Elle n’a pas le temps pour ça. Pas plus que pour Cora, qui agite ses sourcils plantureux à l’autre bout du hall, qui lui crie d’attendre avec beaucoup trop d’articulations. Depuis Poudlard qu’elle attendait ce que le punch de début d’année des employés du département de la Justice, assaisonné de désespoir, lui avait amené sur un plateau. Ou plutôt, dans un placard à serpillères. Il y a des ironies qui ne s’inventent pas. Ou plus. Merlin. Elle évite soigneusement sa direction, béni le tintement des portes. Sa langue se crispe sur une envie de nicotine. 8h03. Bientôt la fin de la journée.  

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Au pied du lit : Un vieux patch nicorette desséché – Deux escarpins pieds droits Manolo Blahnik – Un article déchiré de Vanity Fair sur Meghan et Harry – Un numéro de Vogue Paris, Isabelle Huppert en couverture – Un paquet éventrés d’oursons en gélatine aux 12 vitamines – Un code civil du Ministère de la Magie anglais – Trois dossiers épais aux pages écornées, ceinturés de ficelles et vomissant des post-it sur le parquet griffé – Une bouteille de Veuve Cliquot vide – Des lunettes cat-eyes sans verres – Une plume à papotte en pleine convulsion dans une petite flaque d’encre cramoisi – 5 numéros de la Gazette du Sorcier qui se confondent – Un emballage de nouilles instantanées parfaitement vidé – un volume de droit canon du XVIIème – Un livre de contes mythologiques coréens à la couverture passée – Deux verres à eau en cristal Val-Saint-Lambert modèle Eurydice et la carafe assortie au bouchon ébréché – Un chat persan noir endormi sur un coin de drap en lin arraché au lit

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Les cloches et les cakes. La petite salle de réception, le papier crépon plissé de leur main. Des hortensias, tellement d’hortensias. Les mots, les vœux, la magie. La vraie. Passent entre leurs lèvres. Le cabinet, les premiers jours, les hésitations. L’ivresse, les fêtes, l’aventure. La vie. La vraie. Et puis les prêts, l’amour, les draps. Sa peau, une ride, deux rides, les serviettes de bain. Les verres à vin, les bouchons des bouteilles. Le tout petit jardin, les dossiers, l’encre sur les doigts. Les clients, les cris au téléphone, les réunions houleuses. Les cendriers qui débordent, une rose sur la table du petit-déjeuner, Madonna devant elles, main dans la main, cordes vocales au point de rupture. On part et on revient. Elles se découvrent, se connaissent, se désapprennent. Paris, rarement Londres, les doigts gras de fast food, poussiéreux des brocantes. Tout ça, oui, tout ça. Elle le veut, bien sur qu’elle le veut. Et plus encore.  

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Playlist Spotify : all too well (10 min version) – taylor swift, duo des fleurs (sous le dôme épais)- lakmé, bad kids – lady gaga, like a virgin – madonna, waterloo – abba, levitating – dua lipa, respect – aretha franklin, justify my love (the beast within mix) – madonna, bewitched, bothered and bewildered – ella fitzgerald, my favourite things – julie andrews, true blue – madonna, champagne problems – taylor swift, you can’t hurry love – the supremes, comment te dire adieu – françoise hardy, it’s not unusual – tom jones, last christmas – wham!, i put a spell on you – nina simone, alive – celine dion, send my love (to your new lover) – adele, you keep me hanging on – kim wilde, because the night – patti smith, knowing me, knowming you - abba  

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Sur un carton, d’autres cartons. Sur ces cartons, d’autres cartons. Au milieu des cartons, des cartons. Et puis un verre de vin rouge. Et deux larmes sur la joue gauche. Elle ne les sent pas, elles sècheront. Elle ne sent plus rien. Les mégots s’empilent dans une boîte de cérérale vide. La radio crachote des relents de jazz, un vieil album de Taylor Swift. Elle marmonne ses phrases sans idées, recasse ses souvenirs comme le chat mâchonne un marron sous la table, dernier vestige d’une salle à manger. La transpiration perle sur ses cheveux attachés, par-dessus ses sourcils irrémédiablement froncés. Elle emballe des codes civil et pénal, s’écorche les doigts sur ses cadres fendillés. Le parquet brut est jonché de papier bulle déchiré, de scotch fripé, de plaquettes d’anxiolytique. Tapis persan roulé, draps replié, vaisselle cassée. Un vieux DVD de Sex and the City. Des billets d’avion un peu effacés. Son visage bouffi. Qu’est-ce qui reste, dans ce grand vide ? Le silence de la ligne de téléphone coupée. Rien. Plus rien.

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Sac à main : tickets de métro chiffonné, vieux tube de rouge à lèvre Chanel rouge coco « Etienne », quelques perles d’un bracelet cassé, attestations de psychothérapeutes moldu et sorcier déchirées, bullet journal griffonné dans un cahier à couverture de cuir lie de vin, mouchoir mentholé, deux plaquettes d’antidépresseurs, un déodorant roll-on nivea, un tube de crème solaire de ville aux inscriptions « skinceuticals » presque effacées, des rouleaux de parchemin, des miettes de croissants, le dernier numéro de la Gazette du Sorcier, le dernier numéro du Times, des cartes de visite au bristol jauni, deux paquets de cigarettes Vogue entamés, une fiole avec potion mousseuse, une anthologie bilingue de la poésie latine, un flyer daté de 1996 d’un cycle de conférences d’histoire de la magie avec séance de dédicace de Esther Kang, un trousseau de clef surchargé.  

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Le parfum de la garde à vue traîne encore dans ses cheveux. « Vous êtes mon cas pro bono du mois, ce qui veut dire que je suis ici parce que j’y suis obligée, ce qui veut dire qu’on ne va probablement pas gagner. Des questions ? » Entre les fissures de l’écran de son téléphone, il y a une poignée d’appels en absence, l’habitude. La batterie en phase terminale. D’incessantes notifications Whatsapp de la collocation. De l’instagram du Bookclub lgbt+. Elle y répondra quand son humeur, et alcoolémie, sera à la hausse. Quand elle pourra sourire. Elle a acheté un bouquet de fleurs sur le chemin, pour égayer. Quelque chose de déjà mort, ça règle le problème. Les tulipes ont déjà pris des couleurs de couché de soleil. Elles ne sont jamais aussi belles qu’au dernier jour. Il faut couper les tiges en biseau, dirait sa mère. Elle disait beaucoup de choses, cette connasse. Quelque part, là-bas, dans la longue liste des messages vocaux, elle devait se trouver. Qu’elle y reste. Reste le parfum des tulipes, le gobelin qui lui sert de client du jour outré, son cœur émietté. Des emojis qui la font ricaner. Des cartons encore à déballer. Reste sa vie. Et ce qu’elle en fait.

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« Vous êtes bien sur le répondeur de Thea, si je ne réponds pas c’est que je n’ai pas envie de vous parler, ne laissez pas de message, je ne les écoute pas. Si vous êtes un de mes clients, comment avez-vous eu mon numéro perso ? Supprimez-ça tout de *BIP* »