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Love the way I lie | Ft. Emma

Solal Rosier
Solal Rosier
Date d'inscription : 21/02/2022
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x âge : 38
x occupation : avocat

   
Love the way I lie
ft.  @Emma Burton


Deux grandes fenêtres à guillotines laissent entrer la brillante lumière du jour et éclaire la pièce. Un magnifique bureau trône au centre de la pièce, en chêne massif avec une plaque de verre mat dessus. L’endroit est décoré avec goût, deux tableaux abstraits sur le mur situé derrière le bureau colorent un peu l’ambiance. Le siège de Solal est en cuir, sombre et semble très confortable. De l’autre côté du bureau, deux chaises, dans un style moderne et d’un vert pastel sont prévues pour les clients de l’avocat. Une grande armoire occupe tout le mur peu atteint par la lumière naturelle. Dans celle-ci, tous les dossiers sont classés par ordre alphabétique, rangés dans des pochettes de couleur, sur quatre étages. Sur le bureau, une photo de la famille Rosier est sensée rendre le lieu plus chaleureux et plus personnel. On y voit Solal, entouré de ses parents, à sa remise de diplôme. Tout le monde sourit. Accompagnée d’un petit ficus, qui apporte une toujours de vivacité à l’ambiance et réponds au magnifique monstera en pot qui est placé à l’opposé des fenêtres. L’héritier des Rosier apprécie son bureau. Il tranche avec celui de son associé, toujours désordonné. Sur le sien, il veille à ce que tout soit rangé au carré, et harcèle la secrétaire pour qu’elle traque chaque gramme de poussière qui pourrait se loger sur les meubles.
Chaque matin, il suit sa petite routine. Il arrive avec un café à emporter, qu’il a récupéré dans son endroit préféré. Il pose son cartable en cuir au pied de son siège et s’installe dans celui-ci. Il consulte son agenda et organise ses rendez vous de la journée. Il galère à utiliser un smartphone, cette invention moldue du diable. Il préfère les bons vieux hiboux. Il doit souvent demander de l’aide à sa collègue née-moldue, ou à sa secrétaire, pour passer ses coups de téléphone et joindre les quelques clients moldus de son cabinet.
Aujourd’hui, il a au programme une interview. Il déteste se prêter à ce genre d’exercices. Il n’a pas besoin de pub, sa clientèle se fait par la bouche à oreille. Son réseau est long comme le Tower Bridge, les riches se connaissent tous et finissent par se conseiller les mêmes avocats, les mêmes restos et les mêmes coiffeurs. Une fois qu’on a mis un pied dans la fourmillière, les planètes s’alignent. Solal est né dans la fourmillière. Il connait tout le monde.  Il n’a donc jamais eu besoin de se faire de la pub. Il ne sait pas pourquoi sa secrétaire a accepté cette interview, certainement que la journaliste a fait fonctionner son propre réseau pour obtenir ce rendez-vous. Il regarde le nom écrit en face de l’horaire : Emma Burton. Une petite annotation est inscrite à côté du nom : moldue. L’avocat hoche la tête, il doit faire attention, ne pas briser le secret magique, ne pas commettre d’impaire en utilisant la magie. Il n'y a pas plus d'infos en face de son rendez-vous, il ne sait même pas pourquoi elle vient l'interroger. Il a fait ses recherches, cette femme est apparemment une journaliste politique moldue assez connue. Elle a sa propre émission politique et également une émission où elle cherche à débusquer les fake news. La politique intéresse peu Solal, encore plus quand on parle de politique moldue. Il possède des idées assez arrêtées : le monde magique et le monde moldu doivent être séparés, le plus possible. Ce sont des cercles si différents qu’ils ne devraient pas se rencontrer, chacun à ses spécificités, sa culture, sa façon de fonctionner. Il n’y a aucun intérêt à tout mélanger. C’est pour ça qu’il ne veut pas donner cette interview. Il n’a rien à dire à une journaliste politique moldue. Elle veut certainement le questionner sur l’un ou l’autre de ses clients, homme politique influent. Il en soupire d’avance. C’est toujours le même blabla, les journalistes essaient de vous faire dire quelque chose d’érroné, il faut marcher sur des œufs et utiliser beaucoup de périphrase pour ne pas dire de bêtise. Tout le monde repart avec une migraine. Non, définitivement, aujourd’hui il n’a pas envie de ça. Il fait appeler la secrétaire du cabinet pour qu’elle annule ce rendez-vous. La jeune femme entre dans son bureau, affichant un air un peu gêné.

« C’est trop tard, monsieur Rosier. Madame Burton attends déjà. »

Sans attendre un mot de plus, la dénommée Madame Burton, entre en trombe dans le bureau. Solal la toise de haut en bas. On ne peut pas dire que c’est une belle femme. Pas au goût du jeune homme en tout cas. Ses traits sont trop marqués, cela lui donne un air sévère. C’est surement grâce à ça qu’elle est bonne dans son boulot. Elle doit déterrer les bonnes histoires et ne rien lâcher, comme un Jack Russel. Solal sourit à son analogie, bien que ce soit certainement sexiste de juger les compétences d’une femme sur son physique. Ca passe tant qu’on le dit pas à voix haute, non ?
Solal se lève et tend une main ferme à Emma et lui adresse un sourire charmant en guise de bienvenue.

« Bonjour, je suis Solal Rosier, l’un des associés du cabinet Rosier Attorney Team. » D’un geste de la main il propose à la jeune femme de s’assoir sur l’un des sièges qui fait face à son bureau.

« Vous venez pour me questionner à propos de l’un de mes clients je présume ? Pour l’une de vos émissions ? Dites-moi lequel et on pourra établir une liste de questions que vous aurez le droit de poser, et la traditionnelle liste des sujets à éviter. » Il marque une pause. « Vous souhaitez boire quelque chose avant que l’on commence ? »
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Emma Burton
Emma Burton
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x occupation : Journaliste radio, démystificatrice
x situation : Moldue en couple avec un sorcier sans le savoir

   
Love the way i lieft. Solal Rosier

Emma voyait très bien à quel genre de personnalité elle avait affaire. Un homme influent, puissant, qui se pensait au-dessus des lois et des gens. Lors de ses recherches, Emma était tombée sur de multiples photos de Solal aux côtés de ses clients, à la sortie du tribunal, l’air toujours triomphal. Elle en avait des frissons à chaque fois qu’elle songeait à ces clichés et au mépris qui déformait le sourire de l’avocat. Les types comme lui représentaient tout ce qu’elle pouvait détester de plus sur cette planète – et Dieu sait qu’elle détestait beaucoup de choses. Car contrairement à ce qu’il croyait sûrement, Solal Rosier était loin d’être unique. La journaliste en avait vu défiler, des enflures, elle avait même réussi à en faire tomber quelques-unes. Pour être honnête, elle doutait de parvenir à épingler Solal. Elle n’était pas dupe : les hommes comme lui ont le bras long et parfois toute la pugnacité du monde ne suffit pas. Mais ça ne lui faisait pas peur et elle comptait faire tout son possible pour qu’il se retrouve à la Une de tous les journaux britanniques – et pas en des termes élogieux.

Lorsqu’on lui fit signe qu’elle pouvait entrer dans le bureau, Emma n’hésita pas une seule seconde. De son pas assuré, juchée sur des talons étonnamment hauts, elle se planta face à Solal. Elle lui tendit une main cordiale. « Bonjour Monsieur Rosier. Je suis enchantée. » Elle surprit son regard la parcourir et serra les dents pour s’empêcher de réagir. Sérieux, beurk. Dommage qu’Emma ne puisse pas lire dans ses pensées : elle aurait apprécié la comparaison avec un Jack Russel, à première vue dégradante certes, mais tout de même, il valait mieux ça plutôt qu’être prise pour une potiche comme c’était souvent le cas. « Vous permettez ? » Emma fit signe à son assistante d’installer le matériel, qui se résumait en une caméra posée sur un pied et un micro-cravate pour Solal.

Emma plaqua un sourire faussement aimable sur son visage tandis que Solal déblatérait. Visiblement, il ne connaissait pas vraiment son travail et sa façon de procéder. Une liste des sujets à éviter ? Non, désolée mon vieux, c’est pas le genre de la maison. Elle se permit de le couper, avec toute la politesse de façade dont elle était capable. « Pardonnez-moi, mais je crois qu’on vous a mal briefé sur cette interview. J’avais pourtant précisé à votre assistant ce qu’il en était… Je suis désolée Monsieur Rosier, il n’y aura pas de liste de questions prédéfinie, je ne fais pas dans le journalisme de complaisance. » Elle fit une pause le temps de s’asseoir et de croiser ses jambes. « Ça ira pour la boisson, merci. » Bien sûr, il demeurait la possibilité que Solal se braque et la fasse virer de son bureau. Mais Emma n’était pas inquiète. Car si Solal refusait, alors la journaliste ne se priverait pas d’écrire un article à charge sur son manque de transparence, puisque c’est bien connu : les innocents ne sont pas effrayés par les questions, étant donné qu’ils n’ont rien à cacher. Maintenant qu’Emma avait annoncé la couleur, elle se radoucit un peu. Il ne fallait pas non plus qu’elle fasse fuir le poisson. Ce genre d’homme possédait un ego sensible, il valait mieux commencer par le brosser dans le sens du poil. « Ne vous inquiétez pas, vous n’avez rien à craindre, il vous suffit de répondre le plus honnêtement possible. Je ne fais certes pas dans le journalisme de complaisance, mais ça ne fait pas de moi un requin. » Si l’avocat s’était un peu mieux renseigné sur elle, il aurait su qu’elle avait tout d’un requin. Mais manifestement, ça n’était pas le cas, et Emma avait décidé d’en jouer.

Trêve de mondanités, Emma n’avait pas toute la journée. Car il y avait cette affaire de corruption au sein du gouvernement moldu, cette affaire dans laquelle du jour au lendemain, miraculeusement, les témoins avaient modifié leur version. De là à accuser le cabinet de subornation de témoin, il n’y avait qu’un pas. « Votre assistant a dû vous le dire, j’aimerais que l’on parle de l’affaire William Saunders. Ça m'intéresserait d’avoir votre version des faits. C’est un travail journalistique, voyez-vous, or un seul son de cloche ne suffit pas pour se faire une opinion, n’est-ce pas ? » Emma se força à sourire obligeamment. Voilà, tout en douceur. « Si vous n’avez pas d’objection, je vous propose de débuter, je ne vais pas vous faire perdre plus de temps que nécessaire. Pour commencer, Monsieur Rosier, est-ce que vous avez connaissance des faits qui vous sont reprochés ? »
Solal Rosier
Solal Rosier
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Love the way I lie
Solal évalue rapidement la situation et maudit intérieurement son assistante. S’il avait su, il n’aurait évidement jamais accepté ce genre d’interview. C’est même à se demander si ce n’est pas une vengeance de la part de sa salariée. C’est vrai qu’il n’est pas toujours un patron bienveillant et compréhensif. Il devait accepter un retour de karma.
Emma s’installe sans même attendre une réponse à son poli « vous permettez ? » . C’est visiblement une femme qui a l’habitude de prendre les devants et qui ne doit pas accepter d’être contredite. Dans d’autres circonstances, elle et Solal se seraient sûrement très bien entendus.  En voyant la caméra se monter face à lui, l’avocat a quand même un léger frisson qui lui remonte le long de la colonne vertébrale. Il sait que la technologie n’est pas son alliée. Il sait aussi qu’il est efficace dans son boulot car il ne laisse pas de preuve derrière lui. Il ne dit rien pendant qu’elle rétabli les raisons de sa présence ici, un sourire, aussi faux qu’agaçant, vissé sur le visage. Solal est amusé, il a l’impression de s’être trouvé un adversaire à sa mesure pour une fois. Il ne l’interrompt pas, il attends de voir ce qu’elle lui réserve.

« Ne vous inquiétez pas, vous n’avez rien à craindre, il vous suffit de répondre le plus honnêtement possible. »

Si seulement elle savait … L’honnêteté possède une tout autre signification pour l’ancien Serpentard. Car après tout, la vérité n’est qu’une chose subjective. Ce qui est vrai pour quelqu’un, peut être totalement déroutant et biaisé pour une autre personne. C’est le quotidien de l’avocat : jouer sur le fil du discours, dire sans tout révéler, démontrer une vérité ou expliquer un mensonge, tout est dans la communication. La vérité ce n’est jamais que ce l’on veut bien croire.

« Je ne fais certes pas dans le journalisme de complaisance, mais ça ne fait pas de moi un requin. »

Mais bien sûr, et moi je suis un hippogriffe se dit Solal . Il hoche la tête en guise d’acquiescement et croise les jambes, toujours bien installé dans son fauteuil en cuir. Il la regarde s’assoir face à lui. Il cherche à deviner ce qu’elle sait déjà de lui et de son travail. Et il se demande comment il va pouvoir s’extraire de ce panier de crabes. Elle ne lui laisse aucun répit et annonce finalement la raison de sa venue : l’affaire William Saunders. Il fronce les sourcils rapidement. Oups, elle est pas là pour déconner.
Le cabinet de Solal a été embauché par un politicien moldu, un mec haut placé bossant pour le ministre de l’industrie, qui aurait accepté des dessous de table pour favoriser l’implantation d’usines polluantes proches de quartier résidentiels. Ces derniers accueillent une population très défavorisée qui n’a aucun moyen de comprendre, ni de révéler la manœuvre politico-financière qui se déroule à côté de chez eux. L’industriel avait avancé l’argument faussement désintéressé d’apporter des emplois à ces gens et pouvoir ainsi les aider à sortir de la pauvreté. En réalité, les usines risquaient surtout de contaminer une nappe phréatique et plusieurs centaines d’hectares de terrain agricole, tout ça au profit de quelques riches actionnaires. Malheureusement, quelques bavards avaient papoté à propos de cette supercherie à plusieurs millions de livres et rapidement l’opinion public avait eu vent du scandale.  L’avocat s’était rapidement occupé de cette histoire et avait fait son boulot habituel. Rencontrer les témoins et s’assurer qu’ils changent leurs récits. Il n’avait aucune limite pour réussir, et jonglait entre intimidation et dédommagement pour influencer les personnes concernées. Solal l’a toujours su, chaque être humain a un prix, il suffit de le découvrir. Puis de le payer. Ses clients sont toujours prêts à payer, quelque soit le montant, pour parvenir à leurs fins. Le pouvoir est une étrange addiction. Une fois qu’on y a goûté, il est impossible de s’en passer.


Il se racle la gorge et se lève. Il a apparemment sous-estimé son adversaire. Elle est directe et prête à bondir pour obtenir ce qu’elle veut. Il réfléchit rapidement à la stratégie à adopter. Il passe derrière Emma pour se diriger vers une bibliothèque disposée contre le mur, dans le dos de son interlocutrice. Il ouvre une petite porte et en tire une carafe d’eau ainsi qu’un beau verre en cristal.

«  Je vais me servir un verre d’eau, si vous êtes sûre de ne rien vouloir. » Il fait tinter la carafe contre le verre et de son autre main, il attrape sa baguette, située dans sa poche intérieure de sa veste. Discrètement, il l’oriente vers la caméra et murmure un sort. Immédiatement, une petite fumée s’échappe de l’objet, l'enregistrement est HS. Ce sera un jeu d’enfant de faire subir le même sort au micro cravate dans quelques minutes. Solal est satisfait, ils vont pouvoir parler librement à présent. Il retourne au bureau et regarde Emma, visiblement dépitée par la panne de sa caméra.

« Comme c’est dommage. On ne peut vraiment pas faire confiance à la technologie de nos jours. »

Il se rassoit, son verre à la main. « Bien, allons y. Je meurs d’envie de savoir ce que l’on me reproche » Il insiste sur ce dernier mot, sans cacher son amusement face à la situation. « Je peux d’ores et déjà déclarer que tout ceci n’est qu’un malentendu. Mais allons-y, Madame Burton, que me reprochez-vous ? Le fait d’être un excellent avocat ? De défendre correctement mes clients ? » Il marque une pause, sirote son verre d’eau, pas du tout impressionné par la jeune femme. «  On en est là aujourd’hui, gagner des affaires fait de vous un personnage suspect ? Oui j’ai été, enfin je suis, l’avocat de M. Saunders. Et ce brave homme n’a rien fait de mal, si ce n’est œuvrer pour le bien de son pays. Il a visiblement été victime d’un complot politique. Heureusement, les témoins étaient trop effrayés par le risque de donner un faux témoignage devant la cour et ils ont préféré se rétracter. Vous les journalistes, vous êtes tous pareils, vous cherchez toujours à salir la réputation d’un honnête homme qui ne fait rien d’autre que son travail. J’imagine que c’est plus vendeur. » Il finit son verre d’eau avant de reprendre.  «  Je vous comprends. Quand on y réfléchit bien, vous cherchez le profit vous aussi. » Il la regarde droit dans les yeux, un sourire au lèvre et un air de défi, attendant la suite de cette joute verbale.

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Emma Burton
Emma Burton
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Love the way i lieft. Solal Rosier


TW léger malaise vagal

La journaliste ne sous-estimait pas Solal bien qu’elle soit tentée de le haïr de toutes ses forces. Elle détestait ses manières, sa politesse de surface. Mais le bougre possédait au fond de sa pupille l’éclat d’une intelligence vive. Ça n’avait pas échappé à Emma, d’ailleurs ça ne l’arrangeait pas : il est plus facile d’embobiner un imbécile, c’est bien connu. En attendant, Solal parut légèrement désarçonné par sa petite présentation et Emma en tira une certaine satisfaction. À nous deux, mon coco.

Hélas, le matériel ne sembla pas vouloir coopérer. La caméra émit un bruit inquiétant et son assistante lui fit signe que l’appareil avait grillé. Comme ça. Sans raison. Emma émit un claquement de langue excédé, abandonnant une seconde sa façade affable. Elle aurait vraiment aimé conserver des images de cette entrevue. Avec cette affaire, Emma nourrissait l’ambition de signer son premier reportage télé pour la BBC. Bon, visiblement, ça n’était pas demain la veille.

Mais hors de question d’abandonner. Obtenir ce rendez-vous s’était révélé extrêmement difficile. Emma avait dû faire jouer son réseau et mentir à droite, à gauche. Baisser les bras aussi vite était donc inenvisageable. Et puis maintenant que Solal avait compris de quel genre d’interview il s’agissait, Emma n’était pas sûre qu’il l’autorise à remettre les pieds dans ce bureau. Pour ainsi dire : c’était le moment ou jamais. Alors, images ou pas images, la jeune femme comptait lui poser ses questions et surtout, lui arracher des réponses.

« Les aléas du direct », tenta-t-elle de plaisanter, pour cacher le fait que cette panne subite la mettait en rogne. « Tant pis, nous nous passerons de la technologie pour cette fois. À l’ancienne. » Elle adressa un sourire qu’elle voulait éclatant à Solal. Mais aussitôt qu’il se mit à parler, suffisant, présomptueux, le sourire d’Emma s’estompa. Son regard se fit froid et intransigeant. « Ce que l’on vous reproche, ça porte un nom : la subornation de témoin. Et au cas où vos cours de droit vous paraîtraient un peu lointains, voilà de quoi il s’agit : vous, Monsieur Rosier, avez négocié une abstention de témoignage. Et c’est illégal. Ça ira pour le petit rafraîchissement de mémoire ? » Mais il fallait davantage pour démonter Solal Rosier. Emma dut lui reconnaître une capacité incroyable à endormir son audience, comme un genre de prestidigitateur qui détourne votre attention du truc à l’aide de belles paroles. Ses techniques d’orateur auraient peut-être pu fonctionner sur elle si, au milieu de son laïus, il n’avait pas qualifié son client d’« honnête homme ». La journaliste tiqua instantanément. « Un honnête homme qui a été impliqué dans de multiples affaires de fraude fiscale et multi-condamné pour cette même raison. Enfin suis-je bête, je vous le rappelle alors que vous le savez déjà, ce serait bien le comble pour un avocat de ne pas être au fait du dossier judiciaire de son client. »

Emma fit une pause le temps d’inspirer. Elle avait le souffle court, tout à coup. Sur un ton légèrement moins pincé, elle reprit : « Mais mettons que je veuille bien vous croire. Dans ce cas votre client serait victime d’un “complot politique”, c’est bien ça ? Je vous en prie, dites-m’en plus, ça m’a l’air d’être une histoire tout à fait inédite et plausible. » Une sensation d’étourdissement la prit subitement. La pièce se mit à tanguer autour d’elle. Merde, c’est pas le moment. Ça n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Ce genre de phénomène s’avérait même très fréquent ces derniers temps, c’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle avait pris rendez-vous chez le médecin. Ses ongles s’enfoncèrent dans l’accoudoir du fauteuil et elle pria pour que Solal n’ait rien remarqué. Car là, vraiment, non, elle ne pouvait pas se permettre de montrer des signes de faiblesse. Surtout que l’avocat était littéralement en train d’insulter sa profession.  « Les journalistes ne cherchent pas le profit à tout prix comme vous semblez le croire, mais si ce que vous essayez de dire, c’est que les canaux d’information ont besoin d’un modèle économique pour être indépendants, alors oui, vous avez raison. »
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