AND IT STARTED LIKE THIS...
CW : Propos vulgaires, relation sexuelle, grossesse, psychophobie



D’aussi loin que je puisse me souvenir, Tammy a toujours été là. Elle habitait un appartement voisin du mien, tout aussi miteux que celui de ma mère. Le soir où mon père s’est tiré, en fracassant le peu de mobilier que nous avions, en vociférant dans le couloir comme un ivrogne, j’étais terrifié. Cette violence n’était pas nouvelle dans mon monde, mais elle déferlait avec fureur et fracas, emportant tout sur son passage. Attirés par le bruit, et surement un peu inquiets de la situation, les voisins jetaient un coup d’œil par leurs portes entrebâillées. Aucun d’eux n’oserait juger, ce qui se passe derrière les portes fermées appartient à la vie privée de chacun. Mais là, mon père avait ouvert la notre, permettant à tout le monde de profiter du spectacle. J’ai vu son regard dépasser de la porte d’en face. Tammy. Je n’étais qu’un gosse, de sept ou huit ans environ, et j’ai compris que ma vie ne serait plus jamais la même. Je ne reverrai jamais mon père. Et Tammy venait d’entrer dans ma vie.

Nous sommes immédiatement devenus les meilleurs amis du monde. On partageait tout. Ce qui était plutôt facile, puisque nous n’avions rien, autant l’un que l’autre. Ses parents étaient aussi pauvres que les miens. Ma mère avait deux boulots pour arriver à payer les factures et louer ce minables appartement. Tammy était ma seule source de bonheur, elle était si rayonnante et si solaire, avec elle rien ne paraissait grave. Et quand on se faisait emmerder à l’école ou dans la rue, pas de soucis, Tammy me mettait au défi de rendre coup pour coup. Facile à dire pour elle, c’est moi qui me faisait punir ! Mais j’aurais tout fait pour Tammy Culligan. Déjà à cette époque son sourire était communicatif. Et je lisais en elle comme elle lisait en moi. Je n’ai pas beaucoup de bons souvenirs de mon enfance. Mais presque tous sont liés à Tammy.

Nos parents étaient amusés de cette complicité enfantine. Ils devaient penser que cela passerait rapidement avec l’âge. C’est vrai que les choses ont bien changé à notre entrée au collège. Tammy a reçu une super bourse pour aller étudier dans un pensionnat de riches quelque part en Ecosse. Je suis devenu fou quand elle m’a annoncé ça. J’étais furieux. Furieux contre ma mère de ne pas m’avoir inscrit. Furieux d’être séparé de Tammy. Jaloux de son opportunité de se barrer de notre quartier de merde. A partir de là, nos chemins ont commencé à se séparer. Tammy ne rentrait que pour les vacances scolaires, alors que moi je continuais de vivre quotidiennement dans cet appart miteux. J’allais au collège du coin, seul. Il me manquait une partie de moi-même.




Londres est la capitale du foot. C’est ce que l’on m’a répété toute ma vie. C’est aussi le seul sport auquel on a accès, quand on n’a rien. Alors j’ai commencé à jouer très jeune, avec les autres enfants du quartier, pendant les rares moments que je ne passais pas avec Tammy. Les grands ont tout de suite dit à ma mère que j’étais doué. Que je devais jouer dans un club. Elle n’a pas beaucoup hésité, elle s’est surement dit que ce serait une saine occupation, que j’échapperais ainsi à l’ennui et aux mauvaises décisions.  Quand Tammy est partie à son pensionnat, j’avais encore plus de temps libre pour le foot. J’y passais tout mon temps. Je vivais, respirais, courrais et dormais foot. On me prédisait un avenir là-dedans. Un moyen d’échapper à mon destin tout tracé.
Au milieu de mon cursus au collège, j’ai été repéré par des cadres de clubs locaux. J’ai rejoins le club d’entraînement de chelsea. Je n’étais déjà pas très bon à l’école, mais le temps passé dans les trajets et les heures passées à l’entraînement m’ont définitivement placé en échec scolaire. Je m’en fichais. J’allais devenir riche, j’allais devenir célèbre, j’allais jouer en première division et peut être même pour l’équipe d’Angleterre. C’était une promesse d’un avenir meilleur.
Un jour de match, je suis sur le terrain. Je joue à l’avant gauche. Je ne suis pas très grand, mais je suis rapide. Je cours vite, je suis sec et musclé. J’avais tout pour devenir un grand joueur. Ce jour là, je m’en souviens comme si c’était hier. Je m’en souviendrai toute ma vie. On me fait une passe, je cours vers les buts adverses. Je me sens bien, je me sens en forme. Je vais marquer, faire gagner mon équipe, goûter à l’ivresse de la victoire et avancer sur le chemin de la réussite. Mais j’ai été déstabilisé par quelque chose dans le ciel. Je ne saurais pas expliquer. Je jurerais avoir vu un mec sur un balai. Déconcentré, je ne vois pas le trou sur le terrain dans lequel mon pied se loge. Je tombe. Je hurle. La douleur est insoutenable, elle irradie depuis mon genou droit jusque dans toute ma jambe. Je chiale toutes les larmes de mon corps car je comprends instantanément que je viens de me péter les ligaments croisés. Ma carrière est brisée.
Quand je raconte ce que j’ai vu, tout le monde me prends pour un dingue. J’en viens à douter. J’étais peut être déshydraté, fatigué, stressé. J’en sais rien. Je n’ai plus jamais rechaussé de crampons. Je devais me réinventer, renoncer du jour au lendemain aux rêves d’un avenir meilleur et d’une vie plus facile. J’avais quatorze ans.
J’ai été opéré dans les mois suivants. Mais cela n’a jamais rien guéri.

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Pendant ces années, je voyais Tammy seulement pendant les vacances scolaires. Quand elle rentrait de son pensionnat. Elle m’avait promis que rien ne changerait. Et je lui dédiais toutes mes vacances. Avec la distance, notre relation avait forcément un peu souffert. Elle utilisait des expressions bizarres que je ne comprenais pas toujours. Et elle ne semblait pas avoir les mêmes cours que moi. Ses ami.e.s avaient parfois des prénoms étranges. Mais je ne me préoccupais pas de tout ça. Quand on se retrouvait, mon cœur était au bord de l’explosion, et je lui pardonnais toutes ses petites bizarreries, je lui pardonnais même de ne pas avoir de téléphone, de ne pas m’écrire pendant les périodes scolaires. Elle était mon phare dans cette période difficile qu’est l’adolescence. Elle me permettait de sortir de mon quotidien nul à chier. On parlait beaucoup. D’elle, de sa famille, de ma mère. De l’avenir. Bizarrement, on ne parlait jamais de notre avenir, mais je sais qu’on ne pouvait imaginer nos vies l’un sans l’autre. Je pensais qu’après son pensionnat, elle viendrait étudier à l’université à Londres. Mais elle restait toujours évasive sur les études qu’elle voulait faire. Personnellement, les études j’en avais rien à cirer. Je préparais une formation pour devenir cuisinier et j’espérais me faire embaucher dans un bon restaurant. Un truc qui paie bien.

Un soir de 2013, on avait dix sept ans environ, on s’est embrouillé pour une histoire débile. Je draguais une meuf du lycée. Et j’avais fait exprès d’en parler avec Tammy pour la rendre jalouse. Ca avait bien marché. Tellement bien marché qu’elle s’était barrée de chez moi, furieuse. J’étais un peu dégouté qu’elle réagisse comme ça. Je ne me doutais pas qu’elle allait rester fâchée pendant plusieurs jours. Jusqu’à me rejoindre un soir, entrant par la fenêtre de ma chambre. Je pensais qu’elle voulait s’excuser. Ce n’était pas du tout ce qu’elle avait prévu.


« Tammy, qu’est ce que tu fous là ? »
« Ferme là Dieg. »
La jeune femme se glisse à travers ma fenêtre et atterri sur le sol de ma chambre. Ma chambre d’enfant, ce même sol où on a joué aux voitures de nombreuses fois. Tammy s’approche de moi, je lis dans ses yeux qu’elle est bouleversée. Je ne l’interroge pas, elle m’a déjà dit de la fermer et je connais mon amie. Elle n’est pas du genre qu’il faut contredire. Je me lève de mon lit et je l’aide à se relever. Elle est face à moi et le temps se suspend. Elle approche une main de ma joue, son contact m’électrise. Elle m’embrasse. Quand ses lèvres touchent les miennes, mon cœur s’arrête. Nous ne sommes plus des enfants. Cette scène je l’ai imaginé des tonnes de fois au cours de mon adolescence. La réalité est plus douce encore, plus maladroite. Nos bouches se cherchent et se heurtent sans ménagement. Tammy ne s’arrête pas là. Ses mains parcourent mon torse et remontent sous mon t-shirt. Je ne comprends pas immédiatement ce qu’elle fait. Je l’interroge du regard. Je n’ose plus parler de peur de casser cet instant. Elle fait glisser mon t-shirt au dessus de mes épaules et puis m’indique de le faire passer au dessus de ma tête. Je m’exécute. Le temps se suspend. Mon souffle est court, je cherche ses lèvres, je cherche son air.

Quand je me réveille le lendemain matin, Tammy est déjà partie. Son parfum flotte encore dans ma chambre. Je ne me rends pas tout de suite compte de son absence. Je flotte sur un petit nuage. Ce qu’on a vécu cette nuit, c’était si doux. Je n’avais fait ça avec une fille. J’avais bien sûr menti à mes copains, pour être comme tout le monde. J’avais inventé une première fois, un peu vulgaire, très virile. J’avais raconté comment j’avais tiré mon coup, parce que je suis un mec, je dois assurer. Mais faire l’amour avec Tammy, ca n’avait rien de vulgaire. C’était si fort que j’en avais eu les larmes aux yeux. Et en même temps, c’est tellement évident. Avec le temps, notre complicité d’enfant s’était transformée en vrais sentiments. Je le savais, au fond de moi, je l’ai toujours su. Je suis amoureux de Tammy Culligan, et il n’y avait qu’elle dans mon cœur. Pourtant j’avais essayé, beaucoup. J’avais dragué plein de meufs, bourré en boîte, j’en avais embrassé quelques-unes, je m’étais pris quelques disquettes. Mais au fond de moi, je savais que j’attendais le retour de la seule qui me faisait vibrer.
Ce que je ne savais pas, c’est qu’elle se barrerait sans dire au revoir, et que je ne la reverrai plus après cette unique nuit passée ensemble.



Je me réveille en sursaut, un hurlement coincé dans la gorge. Je suis trempé de sueur. Je fait ce rêve encore et encore. Tout est flou. J’ai perdu la notion du temps et de l’espace. Je ne sais plus où je suis. Tout ça paraissait si réel. Je cherche de l’air, je respire en comptant trois secondes, espérant retrouver mes esprits. Les larmes me montent aux yeux et s’échappent. Je ne peux pas lutter. Je ne sais plus où se situe la réalité. La pénombre de ma chambre paraît menaçante. J’ai refait ce rêve, ce même rêve que la nuit dernière, que la semaine dernière. Cette impression de déjà vu me colle à la peau.
Dans ce rêve, Tammy est là, à côté de moi. Nous sommes assis sur mon lit d’enfant, dans ma chambre d’ado. J’ai l’impression que nous sommes à peine plus des enfants. Tammy ne dit rien, le regard noir. Je suis bouleversé et je cherche à prendre sa main. Elle tient un truc dans la main. Je cherche, je mobilise mon cerveau pour essayer de retrouver. Je sens que c’est important. Qu’est ce que Tammy tenait dans sa main. Mais je n’arrive pas à rattraper le fil de ce cauchemar. Je suis à bout de souffle, les contours de ce que j’ai imaginé s’estompent. Je ne comprends pas. Je n’ai pas vu Tammy depuis des années. Mais je n’arrête pas de rêver d’elle. Je me recroqueville dans mon lit. Les larmes ont cessé de couler et ont laissé place à une migraine tenace. Je ne me rendormirais pas, je le sais. Je ne le veux même pas. Je crains de replonger dans ces délires que mon inconscient produit pour me torturer.

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« Hé Diego, t’as vraiment une sale gueule ce matin. »
« Ferme là, Franck. J’ai pas dormi de la nuit. »
« T’as fait la fête sans moi ?! »
« Non mec. Putain tout tourne pas autour de toi. »
« Ca va calme toi là ! Je t’ai juste demandé comment ça allait, pas besoin de monter sur tes grands chevaux »
« Ouais désolé. C’est juste.. ces derniers temps » J’hésite. Je vais passer pour un fou si je lui raconte ça. Mais la façon dont il me regarde m’encourage à continuer. « Je fais des rêves bizarres. Je rêve de choses dont je me souviens pas, de moment avec mon amie Tammy. Et j’ai vraiment la sensation que c’est arrivé. Sauf que j’m’en souviens pas, tu vois ? » Mon collègue hoche la tête mais son regard suspicieux m’indique qu’il ne comprend pas. Je ne peux plus m’arrêter. « Ce sont des bribes floues, des pièces de souvenir. Je la vois s’échapper de chez moi par la fenêtre. Je la vois assise sur mon lit, elle tient quelque chose. Je ne sais plus ce que c’est . Je dois retrouver, je dois m’en rappeler. Je » Je commence à paniquer, à manquer d’air. Mon estomac me lance et ma vue se brouille. Franck me rattrape par l’épaule et me secoue gentiment. « Ca va mec ? T’as vraiment pas l’air bien. » Il est réellement inquiet, je le vois. Je le rassure d’un mouvement d’épaule. Je passe pour un fou. « Tu sais, des rêves bizarres on en fait tous. Faut que tu trouves un moyen de lâcher prise là. »

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Je me réveille en sursaut. Le scénario se répète. Mes draps sont trempés de sueur mais cette fois je n’ai pas crié. Cette fois je me souviens. Je me souviens ce que Tammy avait dans la main. C’était un test de grossesse positif. Je suis perdu. Je me laisse tomber sur le matelas. Putain mais qu’est ce qui m’arrive. Ces rêves encore et encore, sans queue ni tête et pourtant si réels. Ils veulent forcément dire quelque chose. Comme à chaque fois, je me laisse mes larmes couler sans tenter de les retenir. Putain Tammy t’es où ? Ca veut dire quoi tout ça. Tu me manques putain. Je tape du poing sur le matelas, prisonnier de la situation. Epuisé par ces nuits sans sommeil et ces questions sans réponse.
Je n’ose pas aller consulter un psy. Comment expliquer ce qui m’arrive ? Je suis fou amoureux d’une amie d’enfance, je ne l’ai pas vu depuis bientôt huit ans et elle me manque tellement que je rêve d’elle. Mais je ne rêve pas de souvenirs que l’on a vécu ensemble, non, je rêve de situation qui se seraient passées depuis 2013. Des choses que je ne me souviens pas avoir vécu ces dernières années, et pourtant, j’ai l’impression d’avoir vécu ces situations dans mon corps. Je sens son odeur, je sens sa main sur la mienne, je sens ses baisers. Ça ne peut pas être qu’une impression. Mais en même temps, je le saurais si j’avais vu Tammy. Comment je pourrais oublier puis rêver que je l’ai vu ? Ça n’a aucun sens. Si je vais voir un psy, il va me faire interner direct.

FICHE VALIDEE !!!



Ok je suis conquise par Diego, c'est dit! La lecture était si agréable, faudra que je passe te voir pour un petit lien avec Ezra parce qu'ils ont le même genre de symptômes pour plus ou moins les mêmes raisons (tu commences à me connaître, si tu vois que j'oublie hésite pas à me poke, mais à priori je slide dans tes dm ce midi ). Bref, rebienvenue à la maison

Bienvenue sur Glitch!!   Avant toute chose, nous te remercions d'avoir posé tes valises par ici et espérons que tu trouveras ce que tu as cherché.

Si tu ne l'as pas encore fait, nous te conseillons d'aller jeter un oeil aux annexes ainsi qu'à l'intrigue en cours afin de t'imprégner de l'ambiance du forum! Nous t'enverrons un petit mp dans les 72h avec quelques pistes personnalisées pour faciliter ton intégration.

Tu peux dès à présent participer à la vie du forum, te chercher des petits liens, voire si ut le souhaites créer ton carnet de bord. Si tu en ressens l'envie ou le besoin, tu peux également créer un scénario ainsi qu'un ou des pré-liens. Sache finalement que nous serons toujours à ta disposition si tu fais face à des difficultés d'intégration  

Pour un peu plus de légèreté, sens-toi libre de venir discuter avec nous sur la chatbox et/ou sur discord. Nous avons également aménagé une section de flood où tu peux venir jouer ou simplement discuter dans les sujets disponibles (tu peux même en créer un si tu ne trouves pas ton bonheur  ).

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