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L'avenir se trouve dans les cartes... et les pâtisseries (PV Luisa)

Evangeline Booker
Evangeline Booker
Date d'inscription : 04/09/2021
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x occupation : Serveuse à mi-temps à Jane's Café
x situation : Célibataire

   
Il y avait quelque chose de foncièrement plaisant à ne pas s'inquiéter du lendemain. C'était le cas pour Evangeline, en ce qui concernait @Luisa Carelli. Les deux femmes ne se posaient pas de questions, et appréciaient les moments qu'elles passaient ensemble, sans chercher à mettre un label sur leur relation ou à obtenir plus que ce que l'autre était prête à donner.

Evangeline ne sentait pas encore en mesure de partager son quotidien avec quelqu'un, de laisser autrui la voir dans ses moments de vulnérabilité les plus profonds, et prendre conscience de l'impact de son handicap sur son quotidien. Elle n'était pas certaine de trouver un ou une partenaire prêt(e) à consentir à cela, de toute manière... Pour cette raison, ce qu'elle vivait avec Luisa lui convenait parfaitement. Pas de grandes attentes, pas de déclarations grandiloquentes, juste le plaisir d'une compagnie partagée.

C'était pour voir que Luisa qu'Evangeline avait quitté la chaleur de son domicile, frissonnant dans la froideur de l'automne. Un petit vent fouettait son visage, colorant ses joues et tirant des larmes incontrôlées. Heureusement, le domicile de Luisa n'était pas éloigné du sien. Evangeline avait été ravie d'apprendre que sa nouvelle amie et elle-même habitaient dans le même quartier, ce qui leur permettait de se voir aisément lorsque l'envie leur en prenait. Comme c'était le cas aujourd'hui, Evangeline ayant immédiatement répondu "présente" à l'invitation de Luisa.

Elle avait acheté quelques pâtisseries sur le chemin, détestant se présenter chez autrui les mains vides. Tenant fermement la boîte gourmande, Evangeline se retrouva à hésiter sur les derniers mètres, peinant à reconnaître les logements et à distinguer celui de Luisa. Indécise, ne souhaitant pas sonner chez n'importe qui, elle envoya un rapide sms à Luisa pour lui expliquer ses difficultés et lui demander de bien vouloir lui donner un coup de pouce.

Dès le début, elle avait été franche avec son amie sur le sujet, détestant l'idée de devoir cacher une partie d'elle-même pour se faire accepter. Evangeline avait été toujours ouverte sur ses troubles neurologiques, considérant que l'inconfort que l'annonce pouvait causer était le problème d'autrui, pas le sien. Et, de toute manière, si elle tentait de le dissimuler, cela serait d'autant plus problématique lorsque sa mémoire lui causerait des troubles...

Elle fut soulagée de voir Luisa arriver, ses doigts crispés sur sa boîte, nerveuse malgré elle. Ce n'était jamais agréable d'avoir l'impression que sa mémoire était littéralement trouée, laissant tout s'échapper en-dehors de tout contrôle.

"Luisa !"

Un sourire lumineux s'étira sur ses lèvres, à la vue de celle qui avait accepté qu'Evangeline fasse partie de son univers. La joie l'emportait toujours sur l'angoisse, la positivité débordante d'Eva l'aidant chaque jour à faire face aux obstacles. Elle avait déjà laissé de côté sa nervosité, montrant la boîte de pâtisseries avec enthousiasme :

"J'espère que tu aimes les éclairs. J'en ai pris de toutes sortes."

Evangeline regarda autour d'elle, avant de demander d'une voix amusée :

"Où se trouve donc ton humble demeure, ma chère ? Je te laisse me guider !"

Evangeline frissonna visiblement, ajoutant avec un sourire :

"Un chocolat chaud ou un café, ce ne serait pas de refus..."

Un moment simple de bonheur, partagé avec une personne qui en valait vraiment la peine. Evangeline se sentait chaque jour chanceuse d'être en vie et de pouvoir apprécier ces petites joies.
Luisa Carelli
Luisa Carelli
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Une fois n'est pas coutume, L.C est levée avant midi. Et elle n'est pas mécontente de s'être couchée à une heure raisonnable la veille, du moins, pour quelqu'un qui travaille essentiellement la nuit, bercée par les effluves d'alcool et de cigarettes. Mais son oreiller sent bon la lavande lui, un parfum qui apaise et aide à dormir. La blonde s'est quelque peu prélassée, mais elle ne peut malheureusement pas passer la journée au lit. Déjà, parce qu'elle anime une fête d'anniversaire branchouille dans un squat de Soho un peu plus tard, mais surtout parce qu'elle a invité Evangeline à venir passer un peu de temps avec elle.

Les choses se passent on ne peut mieux avec la jolie brune, chacune appréciant le temps qu'elles parviennent à se donner et savourant leur compagnie, autant physiquement qu'intellectuellement, ce qui n'est pas toujours facile. Généralement, ça pêche sur l'un des deux plans. Ou alors c'est spirituellement que ça coince. A ce niveau là, son amie semble ouverte d'esprit, ce qui pour quelqu'un avec le mode de vie et les croyances de Luisa est déjà beaucoup.

Alors qu'elle fait un rapide tour de l'appartement, constatant avec plaisir qu'aucun.e de ses colocs n'est là, son téléphone vibre sur la table basse. Evangeline n'est pas loin, mais a un doute sur l'adresse. L.C sourit face à l'écran et tire le rideau pour jeter un œil par la fenêtre, apercevant la silhouette de la serveuse devant l'immeuble voisin. Ne prenant pas la peine de répondre, elle sort et est accueillie chaleureusement. La blonde enlace son amie avec un sourire, à la fois amusée et attendrie de s'entendre appeler ainsi par son nom complet. Elle a pris l'habitude ces dernières années de rencontrer des gens en soirée, d'autres D.J, d'autres adeptes des arts divinatoires ou de la Wicca, qui adopte son diminutif sans plus y réfléchir. Luisa. C'est presque intime.

« Evangeline! J'adore les éclairs, qui n'aime pas, en même temps? » Elle rit, imaginant sans mal sa coloc un peu aigrie dire qu'il y a trop de sucres ou que ça a un impact écologique néfaste. Mais pas de tue l'amour aujourd'hui. L.C désigne alors la porte d'entrée derrière elle, pour répondre à la question de la brune. « C'est juste là, suis-moi! » La voyant trembloter un peu, elle passe son bras autour de ses épaules et ajoute « Je ne suis pas sûre d'avoir du cacao, mais du thé et du café, ça, il y a à foison. On va te réchauffer, ne t'en fais pas. » Déposant un baiser léger sur sa joue, elle l'invite dans le hall de l'immeuble puis à passer la porte sur sa gauche, où elles arrivent finalement dans le loft.

Il y fait un peu plus frais que dans un appartement moderne avec du double vitrage, mais l'ambiance n'en est pas moins cosy. Et, avec un pull léger, on y est très bien. Luisa tend le bras vers le canapé, se dirigeant elle-même vers la cuisine pour préparer les boissons. « Installe-toi, je nous sers à boire. Tu veux quoi? » Réalisant que la table basse est quelque peu encombrée - son dernier tirage y est encore étalé, son carnet est ouvert en plein milieu, son téléphone y est toujours et plusieurs bougies y trônent - elle ajoute. « Ah euh, tu peux pousser des trucs, les mettre sous la table ou sur les étagères vers la télé. » L'appareil a une fonction plus décorative qu'autre chose à ce stade, même si le quatuor de colocs se réunit parfois pour des soirées films. « Si tu veux écouter de la musique, regarde dans les vinyls! » La collection de chacun.e a été rassemblée pour des raisons esthétiques, mais la plupart des box portent ses initiales dans un coin. Après tout, c'est son métier, même si elle passe aussi une large partie de son temps à faire des playlists et jouer sur Ableton. Et à tirer les cartes, un métier ne suffit pas aux millennials londonien.ne.s qui ont un loyer à payer.
Evangeline Booker
Evangeline Booker
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Les bras de Luisa l'enserrant avec affection tirèrent un soupir satisfait à Evangeline, qui lui aurait volontiers rendu son étreinte si elle n'avait pas craint d'écraser ses éclairs contre son amie. Le câlin, ce sera donc pour plus tard ! A la question de Luisa, Evangeline eut un petit rire, haussant les épaules :

"Oh, je suis sûre qu'il y a bien des gens qui doivent ne pas apprécier la chose. Mais tant que tu n'en fais partie, c'est l'essentiel."

Quand Luisa lui indiqua sa porte, Evangeline fut au moins rassurée qu'elle n'était pas si éloignée que cela de son but. Pour autant qu'elle en savait, elle aurait pu se retrouver à l'autre bout de la ville, persuadée de suivre le bon chemin. Au moins n'avait-elle pas obligé Luisa à partir en randonnée à sa recherche... Evangeline emboîta le pas de son amie d'un pas leste, cessant brièvement de tenir sa boîte à deux mains pour caresser son bras autour de ses épaules.

"Un café, ce sera parfait, merci. Je vais encore me plaindre de mes insomnies, mais quand on y réfléchit bien, le sommeil, c'est vraiment surcoté..."

Evangeline eut un petit rire, réceptionnant le baiser de Luisa avec un plaisir non dissimulé. La jeune femme pouvait parfois se montrer particulièrement tactile, et elle était toujours réceptive aux marques d'affection et à l'attention qu'on lui portait. Elle répliqua donc à ce baiser avec tout autant d'enthousiasme, sans timidité aucune. Pourquoi aurait-elle le moindre complexe, quand elle savait très bien où elle se situait dans sa relation avec Luisa ? Ce qu'elle pouvait prendre et donner, Evangeline le faisait volontiers.

Eva fut heureuse de pouvoir retirer quelques couches de vêtements lorsqu'elles firent leurs premiers pas dans le loft de Luisa, la sensation de froid s'évacuant progressivement de son corps. A la question de Luisa, Evangeline demanda un café, ajoutant avec une voix un peu précipitée :

"Sans sucre, ma belle !"

Il n'y avait rien de meilleur qu'un café bien amer, après tout. Remarquant le désordre sur la table basse, Evangeline déposa sa boîte d'éclairs comme elle le put, hésitant légèrement à pousser ou déplacer quoi que ce soit, comme Luisa lui en avait pourtant donné l'autorisation. Eva ne comprenait pas vraiment tout l'univers de Luisa, les cartes qu'elle tirait et les significations qu'elle y accordait, mais cela ne l'empêchait pas de respecter les croyances et pratiques de son amie. L'idée de déranger son tirage de cartes la perturbait, et Evangeline s'efforça donc de faire au mieux pour les laisser disposées telles qu'elles étaient, se contentant de déplacer le téléphone et le carnet de Luisa.

Evangeline ne se priva toutefois pas pour fouiller dans la collection de vinyles de Luisa, quelques uns d'entre eux suscitant très clairement son intérêt. Elle s'arrêta finalement sur un vinyle d'Alt J, "An awesome wave", un artiste indie dont la musique était parfaite pour poser une douce ambiance et leur permettre de discuter sans encombre. La dernière chose qu'Evangeline voulait, c'était bien avoir à crier pour se faire entendre, ou avoir des difficultés à se concentrer sur ce que sa précieuse amie pouvait bien lui dire.

Le vinyle sélectionné, Evangeline, ayant toujours la bougeotte, s'empressa de se lever pour rejoindre Luisa en toute discrétion, l'entourant subitement de ses bras et l'embrassant dans le cou :

"Attaque surprise !"

Un sourire aux lèvres, Evangeline relâcha finalement Luisa, se tenant à ses côtés pendant que son amie préparait le nécessaire pour leur petit goûter. Son regard se posa brièvement vers la table basse, avant de revenir vers Luisa :

"Alors, un bon tirage ? C'est toujours plus plaisant d'annoncer une heureuse nouvelle."

Evangeline n'y comprenait pas grand-chose et n'y croyait pas forcément, mais cela ne l'empêchait pas de manifester un intérêt sincère pour ce qui passionnait son amie. Elle pourrait l'écouter en parler pendant des heures, dénuée de tout jugement à son encontre. Il n'y avait rien de plus plaisant que d'être en mesure de partager ce qui animait autant Luisa, un pan de sa vie qu'elle lui autorisait à découvrir. Evangeline se sentait honorée d'une telle confiance.

"Est-ce que tu as annoncé la venue d'un bébé ? Une rentrée d'argent ? Oh, je ne devrais même pas te demander, ça tient certainement du privé. Zip it, Evangeline !"

Evangeline fit mine de fermer sa bouche avec une fermeture éclair, sans jamais se départir de son sourire. Elle rayonnait, se réjouissant de chaque instant qu'elle pouvait passer avec Luisa.
Luisa Carelli
Luisa Carelli
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A l'idée saugrenue que quiconque puisse ne pas apprécier un éclair, surtout s'il est au chocolat, L.C ne peut retenir une moue dubitative, mais se joint toutefois au rire léger de sa douce amie. « En tout cas, moi j'aime ça et je te remercie ! »  déclame-t-elle, alors qu'elles se dirigent vers l'appartement, vide de colocataires à l'heure actuelle, pour son plus grand bonheur.

« C'est pas moi qui vais te contredire, je ne dors pas exactement aux mêmes heures que tout le monde et souvent pas assez non plus. » La blonde sourit, parfaitement consciente que son rythme de vie en dérange plus d'un, surtout associé à sa sexualité sans complexe et ses croyances quelque peu ésotériques. Et dans son cas, il ne s'agit pas d'avoir une déco en crochet de mauvais goût, du genre we are the daughters of the witches you couldn't burn. Déjà, la plupart des femmes ayant subi la chasse aux sorcières étaient des chrétiennes propres sur elles dont les maris voulaient se débarrasser, ou qui avait eu la mauvaise idée de comprendre quelles plantes soulageaient le rhume. Si sorcières il y avait, Luisa ne peut s'empêcher de penser qu'elles avaient certainement les capacités d'échapper à la pendaison, forme de condamnation bien plus commune. Ensuite, les pratiques et croyances de la jeune femme sont ancrées dans une véritable spiritualité, en adéquation avec des valeurs qu'elle retrouve aussi dans la contre-culture queer. Cela fait partie d'un tout et elle n'est pas simplement là pour poster une photo de bougie avec la légende #girlboss #meditation.

Mais, fort heureusement, Evangeline ne juge pas cette partie de sa vie comme ont pu le faire d'autres de ses ami.e.s et amant.e.s. Elle ne comprend pas toujours tout, mais elle est ouverte à la conversation et fait preuve d'une grande curiosité. Et c'est très apaisant et très sexy, si L.C est honnête. Elles échangent alors un baiser tendre et enthousiaste, avant de finalement s'installer dans le loft. La blonde laisse son amie trouver où s'asseoir, s'affairant en cuisine. Elle fait bouillir l'eau pour elle, choisissant quel thé faire infuser et sélectionne aussi des grains de café pour aller dans la machine sophistiquée qu'elle s'est offerte il y a quelques années. Elle est barmaid depuis trop longtemps pour tolérer du café médiocre à la maison et c'est généralement un franc succès auprès des colocs et des invité.e.s.

Quelques notes émanent du salon, tandis que Luisa termine ses préparations, n'entendant Eva s'approcher qu'au dernier moment. Elle lui offre un large sourire et se laisse aller à l'agréable étreinte un petit instant. Les fourmillements dans sa nuque s'estompe et elle pose enfin les boissons sur un plateau qu'elle a piqué dans un des nombreux bars où elle a travaillé. Elles se dirigent à nouveau vers la table basse, où Evangeline s'intéresse au tirage toujours étalé sur la table. L.C lui tend son café, souriant devant ses questions enthousiastes, si ce n'est un peu clichées. Evidemment, elle ne lui en veut pas le moins du monde, la plupart des gens ont une vision complètement fausse des arts divinatoires. La faute aux médias et aux diverses représentations de vieilles femmes enroulées de châles qui tirent une carte ou regardent des feuilles de thé et prédisent la suite du film. La réalité, comme toujours, n'est pas si linéaire et ne peut être si facilement réduite.

« C'est un peu plus compliqué que ça, mais c'est un tirage positif oui. En fait, là, je fixais juste des intentions pour les prochains jours, je tirais un peu une carte comme ça, pour voir où mettre mon énergie. » L.C prend la carte au centre, le Sept de Coupe et ajoute « Tu vois, cette carte signifie le choix, l'abondance des possibles. Mais les Coupes représentent le domaine de l'émotion donc, suivant le contexte, ça peut indiquer un surmenage comme une vague d'émotions positives. Il faut la compléter avec d'autres cartes pour avoir une idée plus nette. » Se rendant compte que ce qu'elle raconte est un peu flou, elle ajoute « Après, si on a une question en tête, on peut interpréter plus précisément. On peut essayer si tu veux ! » Animée par cette idée elle joint ses mains avec un grand sourire « Si tu as envie d'explorer un sujet ou des doutes à travailler, c'est le moment ! »
Evangeline Booker
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Le monde dans lequel évoluait Luisa et ses pratiques étaient complètement obscurs pour Evangeline, qui n'avait jamais manifesté d'intérêt particulier pour l'occulte ou la voyance, mais elle partait du principe que ce n'était pas parce qu'elle ne comprenait quelque chose qu'elle devait pour autant le juger. Il y avait tant de choses en ce monde qu'Evangeline ignorait et ne serait jamais en mesure de percevoir, et il serait bien maladroit et prétentieux de sa part de tenter de détromper Luisa dans ses croyances. Qu'y connaissait-elle, après tout ?

Tout ce qu'elle savait était issu des médias qu'elle dévorait avec passion et, il semblerait, la vérité était bien différente de ce que ses films voulaient bien lui montrer. Humant les senteurs de son café encore un peu trop chaud, Evangeline écouta attentivement les explications de Luisa. Pour être honnête, l'exposé de son amie l'avait plongée dans la confusion, et elle n'était pas sûre d'en comprendre davantage, à cet instant. Fixer des intentions ? Mettre son énergie ?

Evangeline pencha légèrement la tête sur le côté, profondément perplexe. La voyance, ce n'était vraiment pas son domaine, et cela se voyait d'autant plus alors que Luisa tentait de clarifier quelque peu pour elle son activité. D'autres qu'elle auraient probablement menti ou tenté de changer le sujet, mais Evangeline était consciente de l'enthousiasme de Luisa pour sa passion, et elle voulait au moins essayer de comprendre. Une démonstration serait peut-être plus parlante...

"Je ne suis pas contre essayer un petit tirage. Je t'avoue que, pour le moment, je n'y comprends pas grand-chose. Ca a effectivement l'air très différent de ce que j'ai pu voir de la voyance dans les films que j'ai vu et les livres que j'ai lu. Pour autant que je sache, ça ne ressemble pas beaucoup aux prémonitions de Phoebe Halliwell."

Evangeline s'était plongée dans la série Charmed, après que sa mère lui ait révélé que cela avait été une obsession pour elle dans  sa jeunesse. Le tout était délicieusement kitsch, et Eva pouvait définitivement comprendre pourquoi jeune Evangeline avait été une fan. Restait évident, cependant, que ce qui existait dans la série et l'art auquel s'intéressait Luisa étaient radicalement différents.

A la dernière suggestion de Luisa, Evangeline s'était remuée les méninges, tentant de trouver un sujet en particulier sur lequel travailler. Eva vivait dans le flou perpétuel, dépouillée de souvenirs, devant se raccrocher à des histoires et des images semblant mettre en scène quelqu'un d'autre qu'elle. Des doutes à travailler, elle en avait. Beaucoup trop, en vérité.

"Je ne sais pas trop, pour tout te dire. Je pourrais demander des choses sur mon passé, mais je ne serais même pas en mesure de te les confirmer. Et je ne sais pas si tu peux discerner l'avenir, ou si je comprends tout cela de travers, mais je crois que je n'ai pas envie de savoir ce que le futur me réserve. Je préfère garder la surprise."

Prenant une gorgée de son café, Evangeline agita doucement sa jambe, pensive. Finalement, une idée lui vint, et elle finit par demander, non sans un certain doute dans la voix :

"Est-ce que... Est-ce que tes cartes pourraient déterminer qui j'étais avant ? Je veux dire... Quelle sorte de personne j'étais ? Est-ce que j'étais heureuse ? C'est vaste, mais peut-être que tu peux en faire quelque chose ?"

Evangeline ne croyait toujours pas en la divination, mais elle devait avouer que l'idée de cette prédiction la rendait aussi curieuse que nerveuse. Quel genre de personne Luisa pensait-elle qu'elle avait pu être ? L'aurait-elle préféré, cette Evangeline qu'elle ne connaissait pas ?
Luisa Carelli
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L.C rit un peu devant la référence de son amie, non parce qu'elle se moque de ses goûts mais parce qu'en effet, il y a un monde entre la pratique de la blonde et la voyante culte du début des années 2000. « Ouais non, c'est pas pareil en effet. Même si, de toutes les soeurs Halliwell, je suis clairement Phoebe! » Intuitive et impulsive, avec des vêtements un poils plus sexy que nécessaires et un sacré répondant? La romance avec un démon en moins, le parallèle se faisait de lui-même, elle n'allait certainement pas être l'ennuyeuse Prue ou la maternelle Piper. Paige, à la limite, mais elle aime se penser moins tragédienne. « C'est un peu difficile à expliquer mais, je perçois des choses… Genre, je ne sais pas si tu as déjà eu un mauvais pressentiment en entrant quelque part? Ou un déjà-vu? C'est un peu comme ça et les cartes m'aident à explorer ces ressentis, à trier les signaux que je reçois. » Luisa sait que ses propos peuvent sembler délirants, pour autant, elle ne les entoure pas de "je sais que c'est un peu fou" ou de "tu n'es pas obligée de me croire." Les autres ne s'excusent pas de croire en un Dieu unique, omnipotent, omniscient. Elle ne voit pas pourquoi elle s'excuserait de choses bien plus tangibles, du moins, pour elle.

Evidemment, Evangeline se montre très ouverte, se prêtant à l'exercice avec bonne volonté. La jeune femme n'en attendait pas moins de quelqu'un à qui elle a accordé une place dans son cœur et dans sa chambre, mais il est toujours agréable d'avoir ses impressions confirmées. Tout en l'écoutant, L.C rassemble les cartes et les mélangent distraitement, laissant les mots de la brune et les énergies ambiantes imprégner le jeu. La demande d'Eva est un peu floue mais néanmoins parfaitement compréhensible. Il est naturel qu'elle veuille en savoir plus sur qui elle est, au fond. La formulation de sa demande arrache un sourire à la tireuse de cartes, qui espère sincèrement pouvoir lui apporter une réponse positive. Elle espère qu'Evangeline a été heureuse et qu'elle le sera encore longtemps.

Posant le tarot sur la table basse, elle répond finalement. « Personne ne peut prédire l'avenir, il n'est jamais tracé à l'avance. Je peux parfois voir des possibilités, des éventualités selon la route empruntée, mais rien n'est jamais certain. Et, de la même façon, je peux essayer de me faire une idée de qui tu étais, capter des signaux ou des forces qui t'entourent encore, mais je ne pourrais pas te dire, par exemple, ce que tu faisais tel jour à telle heure. » A force de pratiquer ce rituel régulièrement pour une clientèle éclectique, la blonde a appris à ménager les attentes et poser les choses clairement dès le départ. Même si ce n'est que pour essayer, pour passer le temps. On ne joue pas sans réfléchir avec les forces de la nature. Désignant les cartes de la main, elle ajoute. « Pour commencer, est-ce que tu peux couper le jeu, avec ta main gauche? » Ce n'est pas important en soi, mais L.C aime établir une routine avec son jeu.

Elle étale ensuite les cartes devant les deux femmes et poursuit. « Je vais te demander d'en choisir cinq et de les déposer en croix sur la table. » Une fois cela fait, Luisa ramasse le reste des cartes qu'elle met sur le côté, puis se penche sur le tirage. Intéressant. « Il se passe beaucoup de choses. Déjà, le Valet de Bâton, dans ce jeu l'enfant. C'est l'optimisme, l'étincelle en toi qui te rend heureuse. Pour moi, ça suggère donc que tu étais heureuse oui, un peu aventurière, imaginative, surtout avec d'autres cartes ici. » Elle fronce un peu les sourcils, hésitant sur comment aborder la suite. « Bon on a le Diable, ce qui parfois veut juste dire qu'on a des choses à surmonter mais… Il y a quelque chose qui cloche. Je sais pas, ça m'inspire une force extérieure, un événement ou quelqu'un. Il y a une énergie négative, comme le résidu de quelque chose. Mais qui ne vient pas de toi. » L.C n'en dit pas plus pour l'instant, une large partie de l'interprétation du tarot reposant sur ce que chacun est prêt à voir, à recevoir.
Evangeline Booker
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Les explications de Luisa n'avaient pas vraiment clarifié les choses pour Evangeline. Ce qui ne l'empêchait pas d'écouter avec intérêt, son regard brillant fixé sur sa belle amie, absorbant tout ce que Luisa voulait bien lui permettre de savoir sur son univers et sa passion. Evangeline avait souri d'un air un peu désolé, de cette expression qui était la sienne lorsqu'elle sentait qu'elle faisait quelque chose de travers, malgré toute sa bonne volonté, avant d'avouer d'une voix douce :

"Je ne suis pas certaine de bien saisir tout cela, pour être honnête. Quand j'ai cette sensation de "déjà-vu", c'est généralement que quelque chose dans la situation dans laquelle je me trouve est relié d'une façon ou d'une autre au passé que j'ai oublié."

Evangeline tapota sa tasse du bout des doigts, s'efforçant du mieux qu'elle le pouvait de se mettre dans les chaussures de Luisa. En toute sincérité, elle souhaitait être en mesure de comprendre cette passion qui motivait autant sa précieuse amie, qui, lorsqu'elle en parlait, la faisait étinceler d'une manière qui réchauffait le cœur et l'âme d'Evangeline. Est-ce qu'elle croyait en ces choses ? Pas vraiment. Devait-elle pour autant les rejeter ? Evangeline n'en était pas convaincue.

"En fait, c'est un peu comme si, en entrant dans une pièce, tu te disais "je suis déjà venue ici", sauf que ce n'est pas vraiment ton souvenir à toi, c'est ça ? Des résidus de ce qui s'est passé, des personnes qui ont fréquenté cet endroit, ce genre de choses ?"

Ces idées passaient au-dessus de la tête d'Evangeline, mais, pour être honnête, il y avait beaucoup de choses qu'elle ignorait en ce monde, bien plus que la plupart des gens, et il aurait été arrogant de sa part prétendre détenir l'ultime vérité. Luisa avait une croyance forte et ancrée, et Evangeline se sentait illégitime de la remettre en question. Au contraire, elle était ravie de pénétrer un univers avec lequel elle n'était absolument pas familière, et d'en apprendre les subtilités, même si elles lui échappaient régulièrement.

Evangeline avait écouté la petite explication de Luisa avec attention, hochant la tête avec un sourire. Elle admira la dextérité avec laquelle son amie battait les cartes, comme s'il s'agissait de la chose la plus aisée au monde. Evangeline les aurait probablement éparpillées par mégarde si elle avait tenté d'en faire de même, maladroite comme elle pouvait l'être.

En toute sincérité, Evangeline ne s'attendait pas à ce que Luisa puisse lui dire précisément et très spécifiquement quoi que ce soit sur son avenir ou son passé. Le contraire l'aurait étonnée, voire effrayée. Elle était surtout curieuse de connaître la manière dont Luisa la percevait, percevait celle qu'elle avait pu être, qu'il s'agisse de lire les cartes et interpréter les signes ou de projeter la vision qu'elle avait d'Evangeline. Peut-être était-ce un peu de tout cela, la voyance que décrivait Luisa...

"Des possibilités, ça me va. Ca laisse de la place pour un peu de surprise. Pour le moment, la seule chose dont je suis sûre, c'est que je vais définitivement me régaler avec les éclairs au chocolat qui nous attendent."

Evangeline eut un petit rire, mais elle redevint vite sérieuse lorsque Luisa lui demanda de couper le jeu et de choisir des cartes. Elle le fit sans y penser ni réfléchir, supposant que c'était là ce que son amie attendait d'elle. Sa description lui tira un sourire au premier abord, cette personne qu'elle lui peignait n'étant pas si différente de l'Evangeline qu'elle était aujourd'hui. Malgré son optimisme débordant, Eva avait toujours eu des difficultés à se réconcilier avec la personne qu'elle était autrefois, et que tant d'autres semblaient vouloir retrouver. Une jeune femme avec un passé, un vécu, des expériences qu'Evangeline ne pourrait jamais retrouver pleinement...

Mais quoi qu'il ait pu lui arriver, Evangeline Booker semblait être restée fidèle à elle-même, et l'idée lui plaisait. Le reste des propos de Luisa, toutefois, ne lui inspira guère de sentiments positifs. Dans un geste inconscient, Evangeline se referma sur elle-même, déposant sa tasse de café pour s'enlacer. Elle n'aurait su dire pourquoi, mais les paroles de son amie avaient réveillé chez elle un malaise. Un sentiment inconfortable, dont elle ne savait que faire à cet instant...

"Une énergie négative ?"

Evangeline n'avait pas le moindre souvenir du jour où les choses avaient basculé. Sa mémoire n'avait commencé à former des souvenirs plus concrets que quelques jours plus tard, des images qui n'avaient eu cesse de s'effacer et de se reconstituer au fil des années, sans jamais lui rendre ce qu'elle avait perdu. Les médecins avaient été incapables de lui donner la moindre raison pouvant justifier l'état dans lequel elle se trouvait. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'on l'avait laissée à l'hôpital, sans que nul ne sache vraiment comment elle était arrivée là.

Une énergie négative... Quelque chose qui cloche... Evangeline eut un rire nerveux, cessant de s'enlacer pour refermer ses doigts sur un éclair et prendre une première bouchée de la gourmandise, espérant chasser le malaise qui s'était emparée d'elle. Evangeline n'était toujours pas certaine de croire ni de comprendre la pratique de Luisa, mais elle se retrouva à demander d'une voix hésitante :

"Tu penses que tu pourrais en savoir plus ? Sur cette énergie négative ?"

Evangeline prit une profonde inspiration. Tout cela était tellement vague. Trop vague. Une part d'elle-même aurait préféré que Luisa se contente de la première partie de sa prédiction et garde le reste pour elle. Une autre part d'Evangeline, cependant, s'accrochait à l'idée que, peut-être, il y avait quelque chose à découvrir, quelque chose d'enfoui et d'important.

"Est-ce que je devrais en savoir plus ? Peut-être que, si j'ai oublié tout ça, c'est pour une bonne raison..."

Un des psychologues qu'Evangeline avait vu, au cours des années qui avaient suivi son rétablissement, avait suggéré que c'était peut-être sa psyché qui avait bloqué quelque chose de traumatique. Un événement si bouleversant que sa mémoire n'avait eu d'autre choix que de tout effacer, pour éviter pire encore... Parfois, il ne faisait pas bon de gratter le passé.

"Est-ce que tu vois autre chose ?"

La curiosité d'Evangeline prenait le dessus sur le reste. Ce besoin de savoir. De comprendre. Peut-être que Luisa pourrait l'y aider... A sa manière.
Luisa Carelli
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x occupation : barmaid, DJ, tireuse de cartes
x situation : célibataire

   
Les explications de Luisa n'aident pas forcément son amie à mieux comprendre son don, étant donné que la jeune femme n'associe pas vraiment la notion de déjà-vu à la même chose que la plupart des gens. La blonde se sent légèrement coupable d'éveiller des émotions sans doute traumatiques pour Evangeline, mais cette dernière a toujours semblé assez sereine avec ses problèmes de mémoire et en parle assez librement. Toujours est-il que LC ne souhaite pas forcément commencer leur séance, et plus globalement leur après-midi ensemble, sur une note négative.

Eva semble toutefois suivre le raisonnement pas forcément limpide de la tireuse de cartes, qui hoche la tête avec un sourire. « Oui, c'est ça! On pourrait aussi dire que c'est une forme de perception, comme quand tu entres quelque part et qu'il fait un peu plus froid ou qu'il y a une odeur dans l'air. Mais ce que je ressens n'est pas toujours perceptible pour les autres, mais c'est là. » L'idée de passer pour une illuminée ne lui effleure même pas l'esprit, cela fait trop longtemps que Luisa vit dans des milieux alternatifs, qui ne questionnent pas vraiment ses croyances et ses habitudes. Quant au reste du monde, elle n'en a franchement rien à cirer.

Evangeline se prête au jeu et la blonde rit de bon cœur à sa plaisanterie. « Ah ça, c'est sûr, ils ont l'air délicieux! » Toutefois, le tirage prend une tournure un peu moins rieuse. L.C hésite un peu à dire tout ce qu'elle perçoit à son amie, ne voulant ni lui faire peur, ni la braquer. Parfois, quand les gens n'ont pas le tirage qu'ils espéraient avoir, même inconsciemment, ils peuvent mal réagir. Elle connait assez Evangeline pour savoir qu'elle sera réceptive et ouverte d'esprit, mais ne veut pas non plus lui causer de peine. C'est le problème de faire des tirages à ses proches, on doit parfois dire des choses qui ne font pas plaisir et que l'on aurait préféré ignorer. Mais, il n'est plus question de faire machine arrière, si les cartes révèlent des choses, il est de son devoir de les communiquer. C'est à la personne qui reçoit les informations d'agir en conséquence, ou non.

Son amie semble vouloir en savoir plus, mais hésite, se disant qu'elle a peut-être oublié pour une raison. En entendant cela, le regard toujours fixé sur les cartes, cherchant la bonne interprétation, L.C est prise d'un haut le cœur, qu'elle contient comme elle le peut. La sensation passe aussi vite qu'elle est arrivée et la blonde est saisie d'une certaine clarté. « Ton amnésie, ce n'est pas quelque chose de naturel. Ca ne t'est pas arrivé de nulle part, quelque chose l'a causée. Je… Je ne pourrais pas te dire quoi, mais il y a clairement une force extérieur, un résidu de quelque chose qui s'est mal passé. Un accident, quelqu'un… C'est flou, il y a une opacité autour de tout ça, j'imagine que c'est parce que tu ne te rappelles pas vraiment et je ne peux pas percevoir des choses qui ne sont pas déjà là.  »

Elle lève enfin les yeux des cartes, regardant Evangeline avec une certaine intensité. « Je sais que ça sonne fou ce que je raconte, mais je te promets que je n'invente rien et que ce n'est pas une mauvaise blague ou quoi. Il y a des traces d'énergie négative, comme j'en perçois parfois quand les gens ont vécu un traumatisme. Et il y a quelque chose d'autre, une forme d'énergie ou de force que je n'ai jamais senti avant. » L.C sert doucement la main de son amie et ajoute « Je suis désolée, ça fait beaucoup d'un coup. On peut arrêter là et sortir les éclairs, si tu veux. » Une petite douceur ne leur ferait sans doute pas de mal, après ce tirage plutôt fort en émotions.
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