Que la lumière soit et la lumière s'éteignit

La pluie, glaciale comme toujours à Londres, tombait depuis maintenant plusieurs heures. On était qu’au beau milieu de l’après-midi, probablement pas plus de trois heures et pourtant, c’était comme si l’heure du thé était déjà passée et qu’on s’apprêtait à préparer le dîner du soir. Mais Lucia n’avait pas le temps de regarder l’heure, elle était bien trop absorbée par tout le travail qu’elle avait à faire. Un travail qu’elle s’était donnée à elle-même en réalité, on ne lui avait rien demandé. Depuis qu’elle était gamine, elle vouait un grand amour à la magie. Mais en grandissant, elle avait appris à partager cet amour-là avec la technologie. Cette dernière était même peut-être passée première dans son coeur mais ça n’avait pas d’importance, tant qu’elle faisait ce qu’elle aimait.

Son appartement était comme toujours en désordre mais aujourd’hui, un point de non retour avait peut-être été atteint. Il y avait du linge ci et là, des emballages de nourritures à emporter qui trainaient parce qu’elle n’avait non seulement pas le temps de se faire à manger mais en plus, elle détestait cela. Mais surtout, le plus flagrant, c’était tous ces fils qui traversaient la pièce centrale. On se serait cru pris au cœur d’une toile d’araignée tant cette bien fait. Elle ne rangeait peut-être pas très souvent ses affaires mais quand il était question de son boulot, chaque chose était à sa place et elle seule était capable de comprendre ce à quoi correspondait ce rangement précis. Il y avait d’un côté des fils bleus, d’un autre des fils rouges, tous portaient des étiquettes avec des chiffres et des lettres. C’était comme de parler une autre langue, elle seule, encore une fois pouvait comprendre.

Et comme toujours, elle avait à l’esprit qu’elle était sur le point de faire une grande découverte, qu’elle allait réussir ce que d’autres pensaient jusqu’alors impensable. Oui, elle allait le faire parce qu’elle était Lucia Martinez et qu’elle n’abandonnait jamais. Mais si elle prenait l’habitude de ne pas être aussi sûre d’elle, de faire un peu plus attention aussi, elle aurait remarqué qu’un truc n’allait pas. Y’avait toujours un truc qui n’allait pas contrairement à ce qu’elle voulait bien faire croire. Et alors qu’elle venait brancher un nouveau fil à sa machine déjà bien alimentée, le noir total. Ses mains restaient en suspens, elle se redresser lentement, clignant des yeux à plusieurs reprises pour tenter de comprendre ce qu’il se passait. Rien de grave qu’elle se disait, les plombs qui avaient dû sauter. Téléphone à la main pour s’éclairer, elle ouvrait la porte de son appartement, juste pour constater qu’il n’y avait plus de lumière non plus. Bon, c’était sur son étage, c’était pas si grave après tout, ça allait revenir. Mais ça, c’était avant qu’elle ne referme, qu’elle ne retourne dans la pièce principale de son appartement où elle avait la belle vue sur le centre de Londres. Belle vue qui lui permettait de constater que c’était tout le quartier qui était désormais plongé dans le noir. Mais si l’idée que ce puisse être de sa faute lui avait traversé l’esprit, ce n’était étonnement pas la première fois que ça arrivait depuis qu’elle vivait ici, elle préférait se dire que c’était juste la faute à pas de chance, que les coïncidence, ça pouvait exister.